
Télécoms : les abonnements toujours plus chers, comment réduire sa facture ?

Encore. Alors que la Belgique est l’un des pays les plus chers en la matière, les tarifs de nos abonnements Internet, TV ou mobile subissent de nouvelles augmentations. Et pas vraiment minimes. Certaines formules sont en effet majorées de 70, voire 84 euros par an. Proximus a tiré le premier en annonçant des augmentations de tarifs sur ses packs Flex XS (Internet et mobile), S (Internet et TV) et Premium avec ligne téléphonique fixe. Comptez de 3 à 4 euros mensuels supplémentaires, soit de 36 à 48 euros de plus par an. Même tendance ascendante du côté de ses packs business. “L’inflation entraîne une hausse significative des coûts en salaires, énergie et appareillage technologique”, se défend Proximus. Depuis le 15 janvier, Orange passe également à l’offensive. “En raison de la situation économique actuelle, nous sommes contraints d’augmenter les prix de nos offres mobiles afin de continuer à garantir la qualité de nos services”, justifie l’opérateur. Ses packs Love Trio (Internet, mobile et TV) coûteront désormais 72 euros de plus par an.
Voo n’est pas en reste et reverra également ses tarifs à la hausse dès le mois de février. Ses packs Quatro Giga Max (Internet, mobile, TV et téléphone fixe) subiront ainsi une hausse record de 7 euros par mois, soit 84 euros par an.
On paie plus, on reçoit plus... Mais a-t-on vraiment besoin de ces volumes supplémentaires?
On ne change pas une équipe qui gagne? Selon les dernières études menées par l’Institut belge des télécommunications (IBPT), la Belgique affiche encore et toujours des tarifs très élevés par rapport à ceux de ses voisins européens, notamment sur les services fixes (Internet et TV). “En ce qui concerne les offres mobiles, en revanche, la situation de la Belgique en 2022 a évolué favorablement par rapport à 2021, nuance cependant l’IBPT. Les montants minimums à débourser pour satisfaire des besoins data allant de 10 à 50 GB ont en effet diminué de manière notable au cours de l’année écoulée.” Et l’arbitre télécoms de se féliciter des mesures de régulation mises en place ces dernières années qui ont accru la concurrence sur les prix. “Depuis son entrée sur le marché, Orange s’est positionné comme opérateur “challenger” proposant des offres généralement moins chères que celles commercialisées par les plus grands opérateurs (Proximus, Telenet et VOO) via leurs marques principales. Ces opérateurs ont réagi à cette concurrence en lançant eux aussi de nouvelles offres, en ajustant leurs propres prix ou en contre-attaquant via leurs marques secondaires à moindre coût, comme Scarlet et Mobile Vikings pour Proximus, Zuny pour Voo et Tadaam pour Telenet.”
Données pas données
On constate néanmoins que Voo et Orange augmentent également leurs tarifs mobiles en 2023. Mais en ajoutant des gigas à leurs forfaits. Une maigre consolation? “C’est en tout cas la communication des opérateurs, décrypte Jimmy Smedts, porte-parole de l’IBPT. Ils disent aux consommateurs qu’ils paieront plus mais qu’ils en auront aussi plus pour leur argent. La question est de savoir si le consommateur a réellement besoin de ces volumes supplémentaires.” Ajouter quelques euros par mois en échange de données que l’utilisateur n’a pas demandées, c’est ce qu’on appelle la pratique du “more for more”. Très discutable.
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Et l’argument de l’inflation avancé par les opérateurs? Permet-il réellement de justifier toutes ces augmentations? Là aussi, on s’interroge. En matière d’énergie, l’argument est en tout cas réfuté par l’agence de notation Fitch, citée par Le Monde. “La hausse des coûts de l’énergie sera limitée pour la plupart des opérateurs de télécommunications en Europe cette année.” Dans les colonnes du quotidien Les Échos, le patron d’un groupe de télécoms français lui emboîte le pas et déclare que l’inflation est surtout un beau prétexte pour augmenter les tarifs. “Attention, tempère un grand opérateur belge, la France n’a pas d’indexation automatique des salaires alors que nous avons connu quelques augmentations l’année dernière.” Reste que selon le Bureau fédéral du Plan, l’inflation belge devrait chuter cette année. “Sur la base des prévisions mensuelles, le taux d’inflation annuel devrait s’élever à 5,3 % en 2023 contre 9,59 % en 2022.” Pas suffisant, donc, pour expliquer toutes ces augmentations.
Les bienfaits de la concurrence
Jimmy Smedts complète le tableau: “Ces hausses de coûts en énergie ou en salaires n’ont toutefois quasi pas été répercutées sur les offres mobiles seules, un segment de marché où la dynamique concurrentielle est plus forte.” Mais difficile d’en dire autant sur les offres TV ou Internet. “Le marché fixe n’est pas encore assez concurrentiel pour empêcher les hausses de prix. Par ailleurs, un autre paramètre à prendre en compte pour analyser la hausse des tarifs est le cycle d’investissement dans lequel les opérateurs se trouvent actuellement avec la fibre et la 5G. Dans un tel contexte, il est difficile d’attendre une baisse des prix. À moins que le marché ne devienne plus concurrentiel, par exemple via l’arrivée d’un nouvel acteur.”

Les acteurs low cost utilisent les mêmes réseaux que les grands opérateurs. Pourquoi s’en passer? © BelgaImage
Car, rappelons-le, il existe pléthore d’opérateurs sur le marché belge mais seuls trois d’entre eux disposent de leur propre réseau physique: Proximus, Telenet/Base et Orange. Cela signifie que tous les autres louent leurs services à ces trois mastodontes, ce qui limite leur marge de manœuvre tarifaire. Mais cela devrait changer avec l’arrivée du roumain Citymesh Mobile/Digi qui ambitionne de disposer de son propre réseau afin de proposer des offres mobiles mais aussi fixes. À prix réduits garantis? “Sur la base de quelques expériences d’entrée d’un quatrième acteur à l’étranger, poursuit Jimmy Smedts, notamment en France et en Italie, on s’attend à ce que les tarifs pour la téléphonie mobile diminuent, surtout dans une première phase.”
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On fait quoi en attendant que le marché belge s’ouvre davantage à la concurrence? Plusieurs solutions existent pour contrer ces augmentations et faire baisser la facture. Premier réflexe, on compare les nouvelles offres car les hausses de prix ne sont pas forcément uniformes. En ce début d’année, la plupart des opérateurs proposent également des promotions et des cadeaux à leurs nouveaux abonnés. C’est donc le moment d’en profiter. Plusieurs comparateurs existent, notamment ceux d’Astel - qui propose jusqu’à 100 euros de cashback sur certains abonnements -, de l’IBPT (www.meilleurtarif.be) ou de Test Achats. Attention à bien confirmer ensuite ces tarifs sur les sites des opérateurs car certains comparateurs, celui de Test Achats par exemple, ne sont pas toujours à jour.
On casse les packs et les prix
Ensuite, il ne faut pas hésiter à faire exploser les packs. Si les opérateurs et leurs campagnes de pub nous incitent à rassembler tous les abonnements mobiles dans un même pack, tarifs dégressifs à la clé, il peut néanmoins être intéressant d’en exfiltrer l’un ou l’autre. Dans l’offre Orange Love Trio, par exemple, chaque abonnement mobile Go Plus est facturé 16 euros par mois. Les membres les plus jeunes ou les moins connectés de la famille auront donc tout intérêt à jeter un œil aux offres des opérateurs low cost comme Youfone ou Hey! qui proposent déjà des abonnements mobiles à partir de 4,50 ou 7 euros. De quoi déjà réduire la facture d’une petite centaine d’euros par an.
Mais oui, décodez-vous
On poursuit la cure d’amincissement? Sachant que les acteurs low cost utilisent les mêmes réseaux que les grands opérateurs, on ne voit pas très bien pourquoi on devrait s’en passer. Scarlet (Proximus) propose déjà des offres trio (Internet, TV et téléphonie fixe) à partir de 42 euros par mois tandis que Tadaam, qui appartient à Telenet, affiche une offre duo (Internet et TV) via la 4G ou la 5G pour 40 euros mensuels. Comparées au pack duo de base de Proximus, par exemple, ces alternatives permettent d’économiser jusqu’à 324 euros chaque année!
Pourquoi ne pas remballer votre décodeur télé? Économie: 60 euros par an.
Et pourquoi ne pas remballer son décodeur télé? Voo a justement lancé son offre TV Light. Concrètement, on renvoie le décodeur et on visionne ses programmes sur sa télé via l’application Voo TV+. On perd la possibilité d’enregistrer les émissions mais on conserve le replay de 7 jours. Économies par rapport à l’offre décodeur: 60 euros par an. Même logique avec l’appli TV de Télésat qui propose les principales chaînes francophones pour 9,95 euros par mois. Et si les fréquences belges nous laissent de marbre, on peut aussi zapper la télé par câble, fibre ou 5G et opter pour une antenne satellite. Rappelons qu’une simple parabole orientée vers le satellite TNT Sat offre un accès gratuit à 26 chaînes de la TNT française comme TF1, France 2, 3, 5, Arte, M6, C8 ou TMC.
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En cette période particulièrement difficile, il serait peut-être temps aussi de virer sa ligne fixe si ce n’est déjà fait. D’autant que les opérateurs augmentent aussi leurs tarifs sur ce service. En remplaçant la ligne fixe par une mobile, on peut parfois épargner plus de 300 euros supplémentaires par an. Et si on conservait sa ligne traditionnelle uniquement pour son système d’alarme, les nouvelles installations peuvent très bien fonctionner avec une carte SIM. C’est même une solution plus sécurisante puisqu’il est beaucoup plus difficile de brouiller une communication mobile que de couper une ligne fixe. À bon entendeur.

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La tentation de la SIM française
Et si on prenait un abonnement mobile dans l’Hexagone? Malgré les augmentations de tarifs, les offres françaises sont encore nettement moins chères que chez nous.
De plus en plus de Belges s’abonnent à Free, SFR ou Bouygues. Une tentation d’autant plus forte avec l’arrivée des cartes e-SIM dématérialisées. En effet, s’il faut toujours renseigner une adresse française pour souscrire à un abonnement outre-Quiévrain, la carte e-SIM est envoyée par e-mail, de même que la facturation. Mais est-ce vraiment légal? “Si vous passez la frontière de temps en temps pour capter notre réseau, il n’y a pas de problème ni de surcoût”, affirme un grand opérateur français. Voici pourtant ce que dit la directive européenne en la matière: “Votre opérateur peut vérifier l’utilisation que vous faites de l’itinérance sur une période de 4 mois. Si, durant cette période, vous avez passé plus de temps à l’étranger que dans votre pays ET que votre utilisation de l’itinérance dépasse votre utilisation nationale, votre opérateur peut vous contacter et vous demander de clarifier votre situation. Vous aurez 14 jours pour le faire”. En cas de violation de la directive, l’opérateur pourra appliquer des frais d’itinérance supplémentaires. À quelques exceptions près (travailleurs transfrontaliers, retraités, étudiants étrangers…), le roaming permanent est donc interdit. Mais, on le voit, les opérateurs français ne sont pas tous très regardants.