
Vous allez bientôt connaître le salaire de vos collègues : pourquoi c'est positif

Le secret salarial va être levé dans les entreprises. C’est ce que vient de décider le Parlement européen. Aucune clause contractuelle ne pourra plus empêcher les travailleurs de communiquer des informations sur leur salaire ou de demander des informations sur la même catégorie de rémunération de travailleurs ou sur d’autres catégories. L’objectif officiel est de lutter contre les écarts salariaux entre les hommes et les femmes. En Europe, les femmes gagnent encore en moyenne 13 % de moins que leurs collègues masculins pour le même travail. Cet écart est cependant de moins de 5 % en Belgique. La raison pour laquelle les femmes gagnent de plus bas salaires réside essentiellement dans le fait qu’elles travaillent, beaucoup plus fréquemment que les hommes, à temps partiel. Autre volet de la décision européenne: les avis de vacances et les intitulés de poste devront être neutres du point de vue du genre. Il y aura des amendes pour les employeurs qui enfreignent les règles. Pour la première fois, la discrimination intersectionnelle et les droits des personnes non binaires ont été inclus dans le champ d’application des nouvelles règles.
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“En Belgique, les différences entre les salaires sont en fait bien plus modérées qu’ailleurs, notamment entre hommes et femmes”, pointe Joël Poilvache, directeur de la société Robert Half, spécialisée dans le recrutement. Cette décision va bousculer les habitudes. Car parler de salaire reste un sujet délicat pour énormément d’employés belges. C’est la conclusion d’une récente enquête menée par Robert Half. Quatre collègues sur dix ne parlent ainsi jamais de leur salaire. Mais cela semble évoluer puisque les moins de 35 ans le font plus facilement. Ceux qui n’en parlent pas estiment que le faire n’est pas professionnel ou estiment que c’est trop personnel ou trop privé. “Le point positif de cette décision européenne est que les entreprises qui n’ont pas une politique équitable envers leurs employés devront s’adapter, explique Joël Poilvache. Mais il est important aussi que les salaires soient dévoilés dans un contexte global. Des différences liées à l’ancienneté et aux performances différentes peuvent jouer. C’est important que la direction et les ressources humaines donnent une perspective, sans quoi cela peut générer des jalousies et des frustrations.”
Le salaire augmente bien évidemment avec l’âge. Les chiffres de Stabel en attestent. Le point d’inflexion se situe à 39 ans. Avant cet âge, les travailleurs gagnent globalement moins que la moyenne nationale, tandis qu’au-delà de 39 ans, ils perçoivent en règle générale un salaire supérieur à la moyenne des Belges. Le salaire des travailleurs de la tranche d’âge des 60 ans et plus dépasse de 31 % la moyenne nationale. L’effet de l’âge se fait toutefois surtout ressentir chez les employés. Ainsi, les employés de la catégorie d’âge des 60 ans et plus gagnent 182 % de plus que les employés 20 ans plus jeunes. Chez les ouvriers, l’écart de salaire n’est “que” de 36 %.
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L’effet diplôme
Le diplôme et la profession jouent aussi un rôle important. Un travailleur titulaire d’un master gagne 47 % de plus que le Belge moyen. Une personne qui quitte l’école sans diplôme perçoit un salaire inférieur de 26 % à la moyenne nationale. Les directeurs généraux gagnent 80 % de plus que le salarié moyen, alors que les serveurs et les barmen ont les salaires les plus bas (36 % en dessous de la moyenne nationale).
Une référence à 3.550 euros
Le salaire médian en Belgique est de 3.550 euros. Cela signifie que 50 % des salariés gagnent maximum 3.550 euros, tandis que l’autre moitié empoche un salaire plus élevé. Le plus grand groupe, 69 % de l’ensemble des travailleurs, gagne un montant qui se situe entre 2.000 euros et 4.250 euros brut par mois. 10 % des travailleurs gagnent moins de 2.334 euros brut par mois. À l’autre extrémité, 10 % des salariés gagnent plus de 5.991 euros brut. Le secteur pétrochimique est le secteur le mieux rémunéré, alors que les salaires du secteur de l’Horeca sont les plus faibles. Ceux qui travaillent à Bruxelles gagnent généralement plus que dans les autres Régions. Les salaires sont les plus faibles dans la province de Luxembourg.
Les extrêmes
Assumer des grandes responsabilités ou exercer une fonction complexe se traduit souvent par un salaire plus important. Les directeurs généraux sont en tête de liste. Avec un montant de 10.717 euros, la rémunération des directeurs généraux dépasse de 180 % la moyenne nationale. Les serveurs et barmen se classent à l’autre extrémité de l’échelle des salaires. Avec un salaire mensuel de 2.450 euros, ces travailleurs gagnent en effet 36 % de moins que la moyenne nationale. De même, les coiffeurs et esthéticiens ainsi que les aides de ménage reçoivent en moyenne un salaire de moins de 2.500 euros par mois.