
Comment expliquer que le 1er soit devenu un rendez-vous politique ?

C’est une tradition dans le monde politique. Le 1er mai rime avec avalanches de discours politiques ayant pour but de rappeler la vision et les valeurs des partis, ainsi que leurs ambitions pour la suite. Sans oublier, le moment idéal pour tacler l’une ou l’autre formation au pouvoir.
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Mais si à l’heure actuelle, le premier mai est gorgé de politique, cela n’a pas toujours été le cas historiquement parlant. En effet, la tradition nous vient d’Outre-Atlantique, où en 1896, des syndicats américains lancent un appel généralisé à la grève afin de revoir les conditions de travail et de fixer la durée maximum d’une journée de labeur à 8 heures. (Le fameux 8-8-8, huit heures de sommeil, huit heures de travail et huit heures de loisir). Cela déclenche de nombreux incidents et causera malheureusement la mort de plusieurs ouvriers, à Chicago notamment.
Une journée de mobilisation et de souvenir
4 ans plus tard, en 1890, en souvenir aux ouvriers décédés pendant les manifestations et toujours dans le but d’instaurer la journée de 8 heures, le 1er mai devient un jour chômé. "L’idée était de dire 'on arrête de travailler, quitte à perdre de l’argent'", explique Jean Faniel, directeur général du CRISP, le Centre de recherche et d’information socio-politiques, auprès de la RTBF.
Il faudra attendre 1921 pour que la journée de travail de 8h soit légalisée et inscrite dans la loi en Belgique. Mais malgré cette victoire, le 1er conserve son symbole de mobilisation et de souvenir. Il devient férié en 1946 et permet de célébrer symboliquement les travailleurs.
Il s’agit "d'un jour avant tout syndical qui a toujours été un moment de mobilisation, de revendication. Cette date - symboliquement forte – a ensuite été progressivement politisée par les partis politiques," conclut Jean Faniel.
Une politisation progressive, tant à gauche qu’à droite
Avec pléthore d’événements organisé dans toute la Francophonie, la gauche est certainement l’un des partis les plus engagés en ce jour. Historiquement, le parti ouvrier belge « a commencé très tôt à faire du 1er mai une journée de revendication. Ce n’est que ces 20-30 dernières années que les libéraux belges ont décidé de s’en emparer".
Car si chaque parti s’efforce de célébrer les travailleurs, chaque discours est orienté bien différemment. Comme le souligne l’expert dans les colonnes de la RTBF : « Chez les libéraux, cette culture du travail est réinterprétée sous l’œil libéral", explique Jean Faniel. "On célèbre les gens qui travaillent, qui se lèvent tôt pour travailler, qui entreprennent des choses. Par rapport aux partis de gauche, il n’y a pas de discours de classe, du type travail contre capital". Et comme le souligne le directeur du CRISP, le 1er mai est également avant-tout une journée de rencontre, de partage et où l’humain est au centre.