Critiqué, Charles Michel en campagne de communication pour se défendre

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a orchestré une impressionnante campagne de communication au sujet des polémiques dont il est l’objet. Qu’en retenir?

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“C'est l’institution qu’on attaque”. C’est, en une phrase, la ligne de défense adoptée par Charles Michel contre les assauts médiatiques dont il est l’objet. Cette esquive s’est déclinée dans tous les entretiens qu’a accordés l’ex-Premier la semaine dernière: à La Libre, à SudPresse, au Soir, à RTL TVI, à France Info, au Standaard, à Moustique… Un contre-feu méthodiquement allumé dans une grande partie des médias. Ce fut le même déroulé de justifications, d’éléments de langage, voire de confidences. Ainsi, Charles Michel n’aime pas les voitures, adore les motos et n’apprécie que très modérément prendre l’avion. Ce dernier aveu exhalait un léger parfum d’ironie.

Rappelons qu’on lui reproche d’être bien plus à l’étranger, filant en coûteux jets privés, plutôt qu’à préparer à Bruxelles des sommets européens dont certains auraient été ainsi bâclés. D’où viendrait la charge? D’un adversaire qui, lui aussi, s’est retrouvé dans toute la communication du président. Mais qu’il ne désignera pas nommément. On peut, tout juste, entendre entre les paroles et les silences que les coupables seraient les USA, nos alliés “de toujours” qui verraient d’un mauvais œil les velléités de l’Union européenne de prendre - grâce, entre autres, “à votre serviteur” - une certaine ampleur internationale. Entendez surtout que l’Europe se rapproche de la Chine. Mais Charles Michel ne franchira dans aucun média la ligne couleur bannière étoilée. Car, “pas de victimisation”. Il a fait son boulot, “plus que pas assez”. Les missions ont augmenté à cause de la guerre en Ukraine. S’il prend des jets privés, c’est parce qu’un service sur lequel il n’a “aucune autorité directe” l’a décidé selon des procédures “transparentes”. Une belle contre-attaque médiatique.

Mais que voyons-nous une fois la fumée du contre-feu dissipée? Les “médisances” dont il est l’objet proviennent de deux médias qui n’appartiennent pas à la presse de caniveau. Politico, média spécialisé en politique européenne, possède une rédaction, forte de 70 (!) journalistes, basée à Bruxelles. Et on ne présente pas Le Monde. Politico est, certes, un média américain fondé par deux journalistes du prestigieux Washington Post. Mais il a été racheté par l’entreprise allemande Axel Springer qui n’a pas la réputation d’être proche de la Maison-Blanche. On conçoit mal comment Le Monde, quotidien français pro-européen se mettrait au service des intérêts d’outre-Atlantique. Que reste-t-il, maintenant que l’incendie est maîtrisé? Que la Première ministre danoise n’a pas démenti les propos que Politico lui prêtait. Celle-ci s’irritait de la manière dont, en février dernier, Charles Michel avait géré le sommet européen qui accueillait le président ukrainien Zelensky. Et puis demeure cette interrogation. Pourquoi attaquer une institution en visant un homme en fin de mandat? Charles Michel ne peut pas en briguer un nouveau et ne sera plus président du Conseil en 2024…

Sorties de secours

Le président peut effectuer ses déplacements officiels en avion privé lorsqu’aucun service commercial adéquat n’est disponible, par exemple lorsqu’aucun vol commercial direct en Europe n’est disponible, lorsque l’horaire des vols commerciaux ne s’accorde pas avec l’agenda du président, en cas d’urgence, afin d’éviter les retards inutiles…” est un extrait des règles qui régissent les déplacements du président du Conseil européen.

Une transparence qui pique

Entre fin 2019 et fin 2022, selon les informations du Conseil de l’Europe, Charles Michel a effectué 112 missions. Dont 68 en jet privé. Un des 17 déplacements à Paris a été réalisé en utilisant le train. Ses frais d’hôtellerie personnels minimums pour une nuit à Paris s’élèvent à 440 euros et les maximums, à 1.103 euros.

Dégâts?

La présidence de Charles Michel restera entachée par le “Sofagate” qui vit, à Istanbul, notre compatriote s’asseoir devant une Ursula von der Leyen médusée et debout. Sans doute, également, par ce “Jetgate”…

Le chiffre

La mission de trois jours en Chine en décembre 2022 de Charles Michel a coûté aux contribuables européens 460.000 euros.

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