Précarité énergétique: la classe moyenne elle aussi de plus en plus concernée

Une nouvelle étude a comptabilisé le nombre de ménages en précarité énergétique en Belgique. Déjà en 2021, celui-ci était très important.

Inflation des prix de l'énergie
Illustration de l’inflation des prix de l’énergie ©BelgaImage

C'est incontestable: en 2022, le portefeuille des Belges a subi de plein fouet l'inflation record des prix de l'énergie. Mais combien de personnes ont basculé dans la précarité énergétique à ce moment-là? C'est une grande inconnue et encore aujourd'hui, il est difficile de donner une réponse exacte. Ce 23 mars, la Fondation Roi Baudouin a néanmoins pu donner des indices intéressants pour imaginer la difficulté des ménages dans notre pays. Ne disposant pas encore des chiffres de l'année passée, cette institution a pu se procurer ceux de 2021, lorsque le coût de l'énergie commençait déjà à monter.

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Résultat: avant même la guerre en Ukraine et l'explosion de l'inflation, le nombre de personnes ayant basculé dans la précarité énergétique était tel que même la classe moyenne n'était plus épargnée. Par ailleurs, lorsqu'on entre dans le détails, on se rend compte que parmi celle-ci, certains types de ménages sont surreprésentés, contrairement à d'autres qui s'en sortent beaucoup mieux.

20,6% de la population en précarité énergétique en 2021

Au niveau global, la Fondation Roi Baudouin constate qu'en 2021, se retrouvaient en situation de précarité énergétique 68,6% des ménages à risque de pauvreté (dont les revenus étaient inférieurs à 15.150 €), 36,6 % des ménages de la classe moyenne ‘basse’ (dont les revenus équivalents se situent entre 15.510 € et 20.683 €) et 8,2 % des ménages de la classe moyenne ‘centrale’ (dont les revenus équivalents se situent entre 20.683 € et 31.025 €).

En d'autres termes, cela veut dire que 13% des ménages de la classe moyenne étaient en précarité énergétique à cette époque-là. Enfin, si on prend en compte les ménages pauvres, on peut estimer que 20,6% de la population totale vivait cette même situation il y a deux ans. "Depuis, la crise de l’énergie est passée par là : nul doute que la situation s’est aujourd’hui considérablement aggravée", note la Fondation, sans pouvoir donner plus d'informations sur ce point.

Les plus touchés: les femmes, les locataires, les ménages isolés ou monoparentaux, etc.

Au-delà de cette analyse par classes de revenus, la fondation a voulu approfondir l'étude en identifiant quels individus étaient touchés par la précarité énergétique. Premier constat: les femmes sont quelque peu surreprésentées par rapport aux hommes, 16,1% d'entre elles subissant cette situation contre 13,7% pour la gent masculine. De manière plus prégnante, il s'avère que les plus âgés sont particulièrement vulnérables. 26% des 65 ans et plus sont en précarité énergétique, contre 11,6% des 18-49 ans.

Le statut du domicile compte aussi énormément. Cette précarité touche ainsi 41,5% des locataires sociaux et 31,0% des locataires sur le parc privé, contre 14,8% des propriétaires (21,7% pour les propriétaires sans hypothèque et 7,2% pour les propriétaires ave hypothèque). Si on regarde au type de logement, il s'avère qu'il en est de même pour 32% des ménages vivant en appartement dans des immeubles de 10 logements ou plus, contre 16% des ménages occupant une maison isolée. Avant l'explosion du prix du gaz avec la guerre en Ukraine, les ménages se servant principalement de cette ressource pour se chauffer étaient moins concernés par la précarité énergétique (17,6%). À l'époque, c'était beaucoup plus le cas pour ceux se chauffant à l’électricité (29%) et au mazout (25,5%).

Mais ce qui frappe le plus, c'est de voir la fragilité des personnes isolées. 37,7% d'entre elles sont en précarité énergétique et elles représentent 63,6% des ménages à se retrouver dans cette situation. Puisqu'elles comptent pour 34,8% des ménages en Belgique, cela veut dire qu'elles sont très largement surreprésentées. Les familles monoparentales sont également très vulnérables. 24,4% d'entre elles sont en précarité énergétique, contre 12,5% chez les couples sans enfant et 7,9% chez les couples avec enfant(s). Enfin, "avoir un revenu issu du travail ne protège plus non plus de la précarité énergétique puisque dans 14,4 % de ce cas, au moins un membre du ménage travaille", note la Fondation.

Agir pour contrer cette précarité

Au vu de ces chiffres alarmants, on peut craindre qu'une partie encore plus large de la population subisse ce même phénomène. Pour soutenir ces nombreuses personnes en difficulté, la Fondation Roi Baudouin plaide pour une revalorisation du Fonds gaz-électricité. Ce dernier est chargé de mettre en place des aides, via les CPAS, aux ménages les plus démunis "et son utilité est unanimement reconnue", note la fondation. "Les experts de la Plateforme de lutte contre la précarité énergétique demandent en outre une révision du mécanisme d’indexation afin de refléter l’évolution réelle de la facture d’énergie et de la précarité énergétique". Mais évidemment, pour cela, il faudrait que le gouvernement décide d'augmenter son budget, dans un contexte économique tendu.

La Fondation Roi Baudouin écrit pour finir que d'autres actions peuvent être entreprises pour améliorer la situation. Les autorités pourraient notamment faire des audits énergétiques, mieux accompagner dans les démarches administratives et dans la réalisation de travaux, faire des prêts de rénovation à remboursement différés et des distributions de kits énergie, etc. Mieux informer le public et les acteurs tiers sur le sujet pourrait également s'avérer une stratégie payante afin de contrer la hausse de la précarité énergétique.

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