

Un vent de panique souffle sur les marchés boursiers. L'action du Credit Suisse a dégringolé de 24 % à la bourse de Zurich ce mercredi. Un niveau jamais atteint depuis sa création. Les liquidités de la banque helvétique inquiètent les investisseurs, alors que depuis plusieurs mois déjà les clients retirent massivement leurs liquidités.
Des signaux positifs de l'actionnariat auraient pu temporiser la situation, mais c'est tout le contraire qui se passe. Harris Associates, plus gros actionnaire de la banque jusqu'il y a peu a annoncé avoir revendu l'entièreté de ses participations. Ce jeudi, le Credit Suisse veut rassurer les marchés. Les communications positives se succèdent et un emprunt de 50 milliards de francs suisses vient d'être contracté. Cela a permis à l'action bondir de 30 %. « Ces mesures constituent une action décisive pour renforcer le Credit Suisse alors que nous poursuivons notre transformation stratégique afin d'apporter de la valeur à nos clients et aux autres parties prenantes », a déclaré le directeur général de la banque, Ulrich Koerner, cité dans un communiqué.
Si la situation du Credit Suisse est à ce point scrutée, c'est que les enjeux sont colossaux. Elle est considérée comme l'une des 30 banques au monde dont l'importance est telle qu'elle ne peut faire faillite. La puissance de cette institution fait qu'elle a tissé de larges liens dont dépendent d'autres banques. C'est un domino sans fin qui est redouté. Et si cela devait être le cas, certains évoquent déjà une crise financière pire que celle de 2008. L’économiste américain Nouriel Roubini qui avait déjà prédit la précédente crise n'a pas rassuré sur Twitter : « La crise Credit Suisse est un ‘moment Lehman’ pour l’Europe ». Tweet qui rappelle que si Lehman Brothers a poussé le monde vers le gouffre en 2008, l'actuel président du du Credit Suisse en est un autre, Alex Lehman celui-ci. Un clin d'oeil pas si anodin alors que la confiance est la pierre angulaire du système financier.
Cette situation délicate face à laquelle est confronté le Credit Suisse survient juste après la faillite de trois banques américaines, Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate.
Mais alors faut-il craindre une contagion de cette fébrilité aux institutions belges ? Dans les colonnes du Soir l'économiste Etienne de Callataÿ se veut rassurant : « On a toutes les raisons de penser que la situation actuelle n’est en rien comparable – et donc en rien aussi grave – à ce que nous avons connu en 2008. Pour toute une série de raisons, notamment la solidité de la plupart des institutions bancaires, plus de transparence, une meilleure identification des risques. Et les chiffres dont on dispose pour les banques belges qui ont présenté leurs résultats 2022 indiquent que le choc de la remontée des taux d’intérêt n’est pas du tout ce que l’on aurait pu redouter.»