
Procès des attentats de Bruxelles : "Ces politiciens ont aussi du sang sur les mains"

Le frère d'Aline Bastin, décédée dans l'attentat du métro à Maelbeek, s'est interrogé, au cours de son témoignage devant la cour d'assises de Bruxelles jeudi matin, au procès des attentats du 22 mars 2016, sur la responsabilité des représentants politiques. Il a vivement critiqué les compétences de l'autorité étatique tant concernant la sécurité des citoyens que concernant l'indemnisation des victimes.
Eric Bastin, âgé de 40 ans, a hésité à témoigner. Il s'est finalement avancé à la barre des témoins. Au-delà de la description de son chagrin et de sa peine, il a livré une profonde réflexion sur les causes des attentats, sur les éventuelles erreurs de la police et de la justice, et sur les difficultés que rencontrent les victimes pour être indemnisées. "J'ai appris le décès de ma sœur le jour de l'anniversaire de ma femme. Le service d'aide aux victimes m'a appelé quand je servais le gâteau. Sa disparition a brisé ma famille, mes parents, ma grand-mère, qui est décédée peu de temps après", a tout d'abord partagé le témoin.
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Une honte
Celui-ci a poursuivi en racontant qu'il était aujourd'hui partagé entre tristesse et colère. "J'ai de la colère contre les politiciens toujours en activité qui ont permis le retour d'Oussama Atar (considéré comme le cerveau des attentats, NDLR) en Belgique, alors qu'ils connaissaient sa dangerosité. Ces gens aussi ont du sang sur les mains. Je suis toujours gêné de lire des choses sur le gouvernement belge, sur les errements de la justice belge et des services de renseignements. J'ai honte de voir que mon pays ne peut pas protéger les gens contre le terrorisme, ni les victimes de terrorisme. J'ai parlé avec d'autres victimes et je suis triste de voir à quel point ces personnes sont abandonnées. Les assureurs ne font pas toujours leur boulot", a-t-il exprimé.
"J'ai perdu foi en ce pays. Je vis à l'étranger, mais j'avais prévu de revenir en Belgique pour que mon fils connaisse un peu la culture belge et pour qu'il voie un peu plus ses grands-parents. Mais finalement, je ne pense pas que la Belgique soit le meilleur pays pour vivre en sécurité et je dis ça avec tristesse", a encore dit le grand-frère d'Aline.
Du changement ou pas?
"Je ne me sens pas écouté par les gens qui décident. Il faut mettre ces gens face à leurs erreurs pour que ces erreurs ne se répètent pas. Sans volonté politique, il n'y aura pas de changement. Et aujourd'hui, je n'ai pas l'impression que les choses ont évolué. J'espère au moins qu'on va accompagner ces gens (les victimes connaissant des difficultés à être indemnisées, NDLR) et que les choses vont changer", a-t-il terminé.