Coup d'arrêt sur le marché de l'immobilier : "Les acheteurs vont à nouveau pouvoir négocier"

Après des mois de frénésie, le marché immobilier vit un net ralentissement. Les candidats acheteurs retrouvent de la marge de négociation.

Coup d'arrêt sur le marché de l'immobilier :  Les acheteurs vont à nouveau pouvoir négocier
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Ces dernières années, le marché de l'immobilier était en pleine frénésie. La pression était totale. L'acheteur n'avait bien souvent qu'une poignée d'heures pour se positionner sur le bien qui l'intéressait. Depuis quelques mois, la tendance s'inverse. "Le dernier semestre de 2022 montrait déjà un ralentissement de l'activité. Cela se confirme en ce début d'année", confie Renaud Grégoire, porte-parole de Notaire.be. Dans leur nouveau baromètre, le refroidissement est net et sans bavure : "Au cours des deux premiers mois de 2023, il y a eu 10,5% de transactions immobilières en moins en Belgique. En Wallonie, la baisse est de -4%."

Pas de crash attendu 

La Wallonie semble le territoire le plus épargné puisque cette chute grimpe à 6,4 % à Bruxelles et franchit la barre des 14 % en Flandre. "Ces chiffres sont à relativiser puisqu'ils sont comparés à ceux de début 2022. On sait qu'avec 2021 cela a été une période faste sur le marché immobilier. Aujourd'hui, même si le constat est interpellant, que nous assistons à un ralentissement sérieux, il ne faut pas penser que nous sommes aux portes d'un crash. Et je ne pense pas qu'il puisse y en avoir un dans les prochains mois. 70 % des Belges sont propriétaires, cela permet d'avoir un marché relativement équilibré et stable. Ce n'est pas comme si des fonds de pension avaient mis le grappin sur une quantité astronomique de biens", poursuit Renaud Grégoire.

Ce ralentissement s'explique par le contexte socio-économique tendu, des prix particulièrement élevés mais aussi à des taux en nette hausse. "Acheter aujourd'hui à du 4 % ou à du 1,5 % comme il y a deux ans, ce n'est pas la même chose. Sur 300.000 euros faites le calcul... On parle de plusieurs milliers d'euros."

C'est le moment de négocier

Mais la tendance qui se dessine rend aujourd'hui du pouvoir aux acheteurs. "Si cela se confirme, les prix vont se tasser. Déjà aujourd'hui, les prix ont moins augmenté que l'inflation. Il ne faut pas s'attendre à une chute spectaculaire mais clairement, les candidats acquéreurs ont davantage de temps pour faire leur offre. Et s'il y a moins de candidats, les prix vont pouvoir se discuter. À ce niveau-là, c'est une bonne chose pour les futurs propriétaires. Mais je ne conseille pas de spéculer en retardant un achat. Lorsque l'on acquière un bien pour soi, il ne faut pas espérer que la situation soit meilleure d'ici six mois. Les prix se seront peut-être tassés, mais les taux auront peut-être grimpé... Et une fois que l'on a acheté, que le marché immobilier soit à la hausse ou à la baisse, cela n'a plus grande importance. Si l'on trouve un bien idéal, il ne faut pas hésiter."

La notaire remarque : "Les premiers biens qui risquent de voir leur valeur être dévalué, ce sont les habitations les moins bien situées. Celles qui ont déjà un réservoir d'amateurs relativement limités. Il faut alors bien réfléchir à son achat et à ce que l'on est prêt à excepter ou non."

Le discours est différent pour les investisseurs. "Là clairement il est question d'une rentabilité. Avec l'envolée du coût des matériaux et des taux, certains reportent leur achat car cela est moins avantageux. On le voit d'ailleurs au niveau des gros promoteurs immobiliers. L'activité est moins intenses. Des projets sont reportés. C'est un signal intéressant à garder à l'oeil pour comprendre la tendance."

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