Quand le MR et la N-VA s'attaquent au "wokisme"

Le mouvement woke qui s’infiltre de plus en plus dans nos sociétés et s’intègre dans le débat politique fait grincer certains des dents. Parmi ses détracteurs, le MR et la NV-A, qui voient dans ce dernier un « nouveau totalitarisme ».

Georges Louis Bouchez wokisme
© Belga Image

Par culture woke, ou wokisme, on entend le mouvement social qui a émergé aux États-Unis à la suite des mouvements de protestation « Black Lives Matter ». Dérivé du verbe anglais «wake» (réveiller), le wokisme désigne le fait d’être éveillé face aux discriminations ethniques, sexuelles, sociales ou religieuses. Initialement positif, ce terme est progressivement devenu péjoratif, surtout dans la bouche de ses principaux détracteurs, les acteurs de droite, qui voient dans ce mouvement un musellement de la liberté d’expression par exemple.

Expression fourre-tout, le wokisme englobe tout un ensemble de courants visant à promouvoir la justice sociale. Déchainant les passions et utilisant à tout va la Cancel Culture (ou culture de l’annulation, en français dans le texte), le mouvement a été étudié par le Centre Jean Gol, le service d’étude du MR.

Ainsi, de la Cancel Culture à l’appropriation culturelle, en passant par le privilège blanc, la masculinité toxique et en s’offrant des détours du côté du décolonialisme, toute la « culture woke » est passée sous la loupe des Bleus, et le constat est sans appel pour les Libéraux qui voient dans cette dernière « un nouveau totalitarisme ».

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Une lecture de la société qui penche (trop) vers la gauche

Intitulée « Le wokisme, ce nouveau totalitarisme dont on ne peut prononcer le nom », l’étude portée par le Centre Jean Gol entend questionner le mouvement et ses finalités politiques. « Et si le danger du wokisme allait en réalité beaucoup plus loin ? Et si le vrai projet politique du wokisme était, sous couvert d’objectifs nobles (lutte contre le racisme, pour la justice sociale, pour l’égalité, etc.) et via des instruments très contondants (critical race theory, racisme systémique, disqualification de la parole de l’opposant) de mettre des grands coups de boutoir dans notre système libéral et humaniste ? »

Pour le centre responsable de l’étude, « la grille d’analyse woke de la société, qui séduit essentiellement la gauche actuelle, ressemble à la lecture marxiste ». Et ce pour deux raisons principales. La première étant qu’elle présente le capitalisme comme la source de tous les maux que notre société (inégalités sociales, racisme, sexisme…). La seconde raison est plus profonde : « le wokisme repose sur une lecture en termes d’opposition entre deux groupes, l’un détenant les clés du pouvoir, l’autre le subissant », peut-on lire dans le rapport d’étude.

“Plusieurs auteurs pointent les similitudes entre le wokisme et le totalitarisme. Si on limite trop souvent ce dernier à un régime politique autoritaire reposant sur la terreur, le totalitarisme est d’abord, étymologiquement, la volonté politique de contrôle total sur les individus, qui gomme par conséquent jusqu’à la notion de vie privée : rien ne peut échapper au contrôle de Big Brother !” martèle le centre Jean Gol, qui voit dans le mouvement woke un musellement de la société et de la liberté d’expression. Une espèce de Big Brother 2.0. Où le politiquement correct et la volonté de ne surtout froisser personne règnent.

Une étude contestée

Cependant, l’étude en elle-même est quelque peu remise en question. Sur le plateau de LN24, Pascal Delwit, politologue et professeur à l’ULB, s'est montré pour le moins critique à l'égard de cette étude. “Des analyses qui ne seraient même pas acceptées en tant que travaux d’étudiants”, a-t-il déclaré. Selon lui, le Centre Jean Gol n’a aucune légitimité scientifique.

L’expert va même plus loin. “Le Centre Jean Gol fait ce qu’il veut mais ce n’est pas une étude scientifique. Il y a une ambition du MR de faire du wokisme l’élément central du débat politique”, a-t-il insisté.

Ce qui n’a pas manqué de faire réagir le Centre Jean Gol, mais également le président du parti des libéraux, Georges-Louis Bouchez qui n’ont pas hésité à eux-mêmes appliquer les principes du wokisme qu’ils dénoncent tant.

Le wokisme, ennemi public numéro 1 ?

Il n’en demeure que le wokisme a fait son entrée dans le discours politique. Georges-Louis Bouchez, interrogé par LN24, s’était indigné d’un tel mouvement : “Quand vous voyez des revendications comme le retrait de statues, le port de signes religieux dans l'administration, quand vous voyez que la ministre de la Culture demande que certains festivals de théâtre ne puissent plus jouer certaines pièces classiques parce qu’elles ne répondraient pas aux standards de l'époque moderne... Si tout ça ce n’est pas du wokisme ou des manifestations du wokisme, je ne sais pas ce que c'est”, avait-il maintenu sur le plateau.

Mais ce n’est pas le seul homme politique (de droite) à s’attaquer à la « pensée woke » et à la fustiger. Bart De Wever en a fait le sujet de son dernier livre, Over Woke, un pamphlet dans lequel il dénonce une « dérive autodestructrice qui fait les choux gras des extrémistes. »

“Cette guerre qui ruine de l’intérieur la société occidentale”. La pensée woke, souligne Bart De Wever, divise le monde en deux parties : les bons et les méchants. “D’un côté, il y a les auteurs du mal et de l’autre, les victimes. La pensée woke est comme un miroir qui nous fait voir notre propre méchanceté. Nos valeurs sont constamment bafouées, et même parfois menacées. Devrais-je porter le poids du passé, me sentir coupable et ensuite m’excuser pour qui je suis ?”, s’offusque Bart De Wever avant de conclure : “ce climat toxique me paraît porter préjudice à la diversité et à la liberté d’expression dans les milieux académiques”.

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