521 morts sur nos routes : pourquoi une si grande différence entre les régions ?

Le bilan de la sécurité sur nos routes est peu rassurant pour l’année 2022. Et connaît de grandes disparités régionales, même s’il faut les relativiser.

sécurité routière
Les zones urbanisées sont moins mortelles, ce qui désavantage les chiffres wallons. © Adobe Stock

En Flandre, ils sont 271 à avoir perdu la vie sur la route, en Wallonie, 229, à Bruxelles, 21. Le total fait 521 morts soit 37 de plus que l’année dernière. Une performance décevante et qui interpelle lorsqu’on la détaille. En effet, il y a eu 20 morts de moins en Flandre mais 15 de plus à Bruxelles et 42 supplémentaires en Wallonie, soit 22 % de plus qu’en 2021. Cette arithmétique morbide doit cependant être recontextualisée. En effet, les années 2021 et 2020 ont connu une circulation routière moins dense pour les raisons sanitaires que l’on sait. Le TomTom Traffic Index avait fait état d’une baisse de la circulation de 18 % en 2020 par rapport à 2019. Et les chiffres pour l’année 2021 montraient une diminution encore supérieure (-25 %).

Moins de trafic routier entraîne moins d’accidents, donc moins de morts. De sorte que ces 521 morts de 2022 sont à confronter avec les chiffres de 2019. La perspective est alors différente. Cette année-là, notre réseau routier avait été le théâtre de 620 morts. En Flandre, 304. En Wallonie, 297 et à Bruxelles, 19. Globalement les routes belges de 2022 paraissent ainsi moins meur­trières même si on peut noter quelques lignes de force. D’abord, ramenée à la population, la région de Belgique la moins accidentogène est Bruxelles avec 17 décès/million, puis la Flandre avec 40 et enfin en Wallonie. Ces différences traduisent avant tout une constante en termes de sécurité routière. Plus un ­territoire est urbain, moins il connaît d’accidents. La Région bruxelloise est évidemment un territoire très urbanisé, la Flandre tend à être un ensemble de conurbations, la Wallonie, en ­revanche, est beaucoup moins dense.

Le manque d’aménagement en Wallonie explique la forte augmentation de cyclistes tués

Quand vous vous déplacez dans la ­province de Luxembourg, forcément les distances ne sont pas les mêmes que dans le Brabant flamand, l’offre des transports en commun n’est pas la même et les routes sont plus sinueuses avec plus de déclivité et bordées d’arbres. Le risque d’accidents y est intrinsèquement plus élevé, confirme Benoît Godart, porte-parole de l’Institut Vias, l’ancien Institut belge pour la sécurité routière. Il y a quand même moyen d’améliorer les choses. Par exemple, il n’est pas normal de se retrouver en Wallonie sur des chaussées limitées à 90 km/h sans piste cyclable. Cette situation existe peu en ­Flandre. Ce manque d’aménagement explique la forte augmentation de cyclistes tués en Wallonie.” Les chiffres traduisent également l’évolution des comportements en matière de mobilité. L’augmentation des accidents corporels concerne avant tout les utilisateurs de trottinettes (+ 63 %) et les cyclistes (+ 13,1 %). Et, parmi les 37 décès ­supplémentaires de l’année 2022, seuls cinq étaient des automobilistes ou des occupants d’un véhicule automobile. Onze étaient des piétons et vingt et un étaient des cyclistes. Prudence, donc…

Le chiffre

Un cycliste ou un piéton meurt tous les deux jours sur les routes belges.

À bout de souffle

La vitesse est un facteur crucial. On sait qu’un piéton n’a que 15 % de chances de sur­vivre s’il est touché par un véhicule roulant à 50 km/h, alors que ses chances montent à 90 % si le véhicule circule à 30 km/h. Et un automobiliste qui roule moins vite a d’autant plus de temps pour réagir à un événement imprévu.

Permis à points

C’est un paramètre qui pourrait influencer le nombre d’accidents en Belgique. L’absence de permis à points permet aujourd’hui à un automobiliste aisé de dépasser les limitations de vitesse, de payer les amendes et de recommencer le lendemain. Cette situation favorise donc à la fois l’impunité et induit une injustice sociale. “Ce permis à points est le chaînon manquant de notre politique de sécurité routière”, note Benoît Godart. La mesure est en place en France depuis 1992, avec un bilan ­globalement positif. Chez nous, un projet de loi en faveur du permis à points devrait être déposé en 2023.

Le dernier métro

C’est un constat qui paraît d’une logique implacable mais que les études confirment: plus les véhicules à moteur roulent, plus l’exposition au risque pour les conducteurs, les passagers et les autres usagers de la route est importante. Plus les gens marchent, font du vélo et prennent les transports en commun, plus la sécurité routière s’améliore…

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