Le CEO de la FN Herstal revient sur les différentes polémiques : "L’argent perdu provient de l’entreprise et non des citoyens"

Ce mercredi matin, Julien Compère était l’invité de LN24 et LN Radio.

Julien Compère

Julien Compère était l’invité de Martin Buxant dans la matinale de LN24 et LN Radio ce matin. D’abord, il a évoqué la situation dramatique d’Olivier Vandecasteele en expliquant soutenir toutes les mobilisations à son sujet.

Puis, rapidement, il est entré dans le vif du sujet à propos du responsable du service des ventes qui est parvenu à détourner 15 millions d’euros via sa profession complémentaire d’agent de football. Une fraude qui a duré pendant près de neuf ans. Avec une question importante : mais comment est-ce possible ? “C’est le travail que nous sommes en train de mener”, commence le CEO de FN Herstal. “Nous tentons de comprendre et d’analyser le pourquoi et comment cette situation a pu perdurer. Je pense aussi qu’il faut souligner le fait que nous ayons trouvé cette fraude. Ce qui prouve que la société est sous contrôle. Aujourd’hui, nous devons renforcer les audits de l’entreprise pour empêcher que cela se reproduise.”

En plus de cette affaire qui entache la réputation du FN Herstal, une autre histoire parasite l’entreprise wallonne. Selon des informations de LN24, le service comptabilité aurait misé sur de mauvais produits financiers. Une “bourde” de l’ordre de 23 millions d’euros tout de même. “Ce n’étaient pas de mauvais produits financiers”, rectifie-t-il. “Il s’agissait de produits qui n’étaient pas adaptés à la situation que l’on a connue l’an passé. Rappelons tout de même que nous avons connu une crise avec une volatilité exceptionnelle du dollar.”

 

Julien Compère l’assure, cela n’arrivera plus. “Des mécanismes ont déjà été mis en place pour éviter ces problèmes de taux de change.” 38 millions d’euros d’argent public ont donc été perdus. Une énorme perte puisque le FN Herstal appartient à la Région. “Effectivement, c’est un montant très important. Cependant, j’aimerais clarifier la situation. L’entreprise est détenue à 100 % par la Région, mais nous ne recevons aucun subside de la Wallonie. L’argent perdu provient donc de l’entreprise FN Herstal et non des citoyens. Ce qui n’excuse en rien les manquements que nous avons connus.”

Avec 3000 employés dans le monde et 1500 en Belgique plus un chiffre d’affaires de 1 milliard pour le groupe Herstal, Julien Compère a tout de même vanté les mérites de son entreprise. “Lorsque l’on fournit les États-Unis, une partie des pays de l’OTAN ou la police de Los Angeles, j’ai l’impression que l’on parle de la Wallonie qui fonctionne bien.”

"Il n’y a pas de paix sans sécurité"

La guerre en Ukraine a changé beaucoup de choses dans l’esprit de la population selon Julien Compère. “Effectivement, le paradigme a changé. J’ai l’impression que les gens ont compris qu’il n’y a pas de paix sans sécurité. Il n’y a donc pas de défense nationale sans une industrie nationale d’armement.” Ce qui signifie que la vision de l’armement a évolué. Le CEO a également confirmé que la Défense avait fait une commande de 50 millions d’euros pour aider les Ukrainiens dans leurs combats.

Est-il possible de rester compétitif en restant en Belgique lorsque l’on connaît le prix du travail ? “La FN Herstal investit près de 13 % de son chiffre d’affaires dans l’innovation. Ce qui représente 30 millions d’euros. Rester en Belgique tout en restant compétitif est un challenge. Pour cela, il faut proposer un produit qui est plus qualitatif que les autres.”

Pas de politique à la FN Herstal

Forcément, vient la question de l’éthique. La Belgique pourrait-elle vendre des armes à la Russie par exemple ? Pas question pour Julien Compère : “La Russie n’a jamais été un client à nous et cela ne sera pas possible”, explique-t-il fermement. Pour octroyer la licence de vente d’arme, le gouvernement wallon prend la décision. Un fait d’ailleurs débat : l’Arabie saoudite. Une fois de plus, le patron de Herstal a tenu à rectifier la vérité. “Si vous regardez les licences au Parlement wallon, il n’y a aucune licence demandée pour l’Arabie saoudite. Nos clients proviennent, pour la plupart, des pays de l’OTAN.”

Pourtant, de nombreux pays font du business avec le pays du Golfe. “C’est un point important. L’Allemagne, la France, l’Allemagne et même l’Italie travaillent avec les Saoudiens. Selon moi, il faudrait une position européenne sur le dossier. Nous travaillons simplement dans le cadre qui nous a été fixé.”

Que ce soit pour l’Arabie saoudite, comme pour le cas de la légalisation des armes à feu aux États-Unis, Julien Compère est clair : “Nous refusons de faire de la politique. Notre mission est d’assurer que nos produits soient fiables. Nous n’avons pas vocation à commenter les décisions de l’un ou l’autre pays.”

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