
Les bouteilles en plastiques et les canettes bientôt consignées?

Bien qu’on ait l’impression que la gestion des déchets est une affaire qui roule, le sujet est régulièrement remis sur la table. Dernièrement, ce sont les bouteilles en plastique et les canettes qui posent question.
Faudrait-il les consigner, comme c’est le cas pour une partie des bouteilles en verre ?
En Wallonie, on l’envisage. Comme l’indique Le Soir, la ministre de l’Environnement Céline Tellier (Ecolo) souhaite demander une analyse de la question à un bureau d’études. Le marché public devrait d’ailleurs être prochainement lancé.
L’idée est d’évaluer l’utilité d’une telle mesure sur l’environnement, ses conséquences économiques, mais aussi «préciser les conditions de réussite d’un tel système».
Pourtant, à l’automne 2021 déjà, la commission Environnement du parlement wallon avait déjà étudié l’idée d’un système de bons d’achat offerts aux citoyens en échange de bouteilles en plastique et canettes. Des expériences pilotes avaient même été menées, mais peu concluantes, elles ont été critiquées. «Le système péchait par des difficultés de visibilité», déclare Céline Tellier dans Le Soir. «Le surcoût sur le prix d’achat que représente la consigne booste, à l’inverse, cette visibilité avec un message clair à l’attention du consommateur : pour être remboursé du surcoût, il faut ramener la bouteille ou la canette.»
Des coûts pour tout le monde
Il faudra donc que l’étude détermine si ajouter quelques centimes aux prix des canettes et bouteilles poussera les Wallons à les ramener vides, mais surtout à ne pas les abandonner n’importe où.
Il faudra aussi voir si tous les acteurs potentiellement impliqués parviendront à s’accorder : la grande distribution, les fabricants d’emballage et évidemment les organismes en charge de la collecte et du recyclage des déchets.
«C’est un système qui impose des coûts à l’ensemble des acteurs de la chaîne», commente Ann Nachtergaele, responsable Environnement et Énergie de la Fédération de l’industrie alimentaire belge (Fevia). «Notamment aux producteurs qui doivent prévoir un étiquetage spécial et à la grande distribution qui doit organiser toute une logistique en parallèle. Si ces efforts permettaient de gonfler significativement les volumes collectés, nous serions d’accord de les faire. Mais nous ne sommes pas convaincus qu’ils peuvent avoir de tels effets.»
Les conclusions du bureau d’études qui décrochera ce marché public devraient arriver fin juin 2023.
Les centristes déçus
Mais ce projet d’analyse du sujet a déjà des détracteurs, notamment du côté des élus Engagés au parlement wallon.
«La ministre continue de faire de l'enfumage: cette nouvelle étude va encore durer des mois et des mois alors qu'on a déjà auditionné les acteurs du secteur et qu'on sait qu'il faut prendre une décision politique», a déclaré François Desquesnes, chef de groupe des Engagés au parlement wallon,
«Nous avions déposé une proposition de décret il y a plus de deux ans maintenant. Depuis, le gouvernement nous a fait lanterner et, par son attentisme, a conforté la dynamique de ceux qui ne veulent pas de cette consigne».
Pour Les Engagés, c’est le moment ou jamais de lancer une telle initiative en Wallonie. «La consigne est désormais clairement identifiée comme solution dans la directive européenne sur l'usage unique du plastique. Et nos voisins néerlandais et luxembourgeois ont avancé. Au sein du Benelux, il ne reste plus que la Wallonie et la Flandre qui se tâtent».