
Bad buzz pour la Stib faisant la publicité de Shein

Ce lundi 12 avril, plusieurs internautes ont fait savoir leur mécontentement vis-à-vis de la Stib. En cause: la société de transports bruxelloise a fait circuler un tram recouvert d'une publicité pour la controversée entreprise de mode Shein. «C’est une honte de faire la promotion d’une marque qui ne respecte pas les droits humains et l'environnement», dénonce par exemple une internaute sur Twitter. Contactée par nos soins, la Stib nous a confié sa position à ce sujet, tout en précisant ce qui allait être fait.
Sur son site la @STIBMIVB dit vouloir "réduire les émissions de gaz a effet de serre" et "réduire le volume de déchets."
Quid de vos engagements ?
Soutenir l'exploitation des êtres humains et l'ultra fast fashion pour plus de profit c'est mieux 🤮@elkevdbrandt @alainmaron pic.twitter.com/RCbrZbWtgH— Weberry (@WeberryBE) April 12, 2022
«Une société qui ne correspond pas du tout à l'éthique de la Stib»
La Stib rappelle tout d'abord que le choix de faire de la publicité pour Shein ne vient pas directement d'elle. «Nous ne commercialisons pas les espaces commerciaux nous-mêmes. On fait appel à une régie parce que ce n'est pas notre métier. En l'occurrence, la régie, c'est JCDecaux. C'est notre prestataire pour la commercialisation des espaces publicitaires», précise le service communication. «Ils ne nous ont pas soumis la publicité, et très honnêtement, nous ne connaissions pas Shein. Nous ne sommes pas le public cible. Mais clairement, c'est une société qui ne correspond pas du tout à l'éthique de la Stib, et c'est contre-productif pour nous».
En conséquence, la société a décidé d'enlever purement et simplement la publicité litigieuse après retour au dépôt, cette nuit. «On a une charte d'éthique très restrictive. On ne peut pas faire de la publicité pour les jeux d'argent, ce qui peut faire l'objet de polémiques, etc. Parfois, c'est très compliqué pour nous, mais voilà, on doit avoir une image qui doit être irréprochable et donc, Shein, ce n'est pas raccord à la Stib».
La très mauvaise réputation de Shein
Née en Chine, Shein est connue pour ses vêtements à très bas prix mais aussi pour ses nombreuses polémiques. Le groupe est notamment critiqué pour son impact social et environnemental. Sur le plan humain, Shein impose des cadences de travail inhumaines, comme en atteste une enquête réalisée dans les provinces pauvres de Chine par l'ONG suisse Public Eye. Des ouvriers travaillent ainsi jusqu'à 12 heures par jour, avec un jour de congé par mois. Le député européen Raphaël Gluksmann parle dans une interview à Brut d'un «système d'exploitation ultra-violent avec des travailleurs qui n'ont aucun droit», ce qui permet de vendre à si bas prix. régulièrement accusée de plagiat.
Des enquêtes scientifiques notent également l'utilisation de produits particulièrement néfastes pour la santé. La fast-fashion telle que promue par Shein, avec un nombre record de nouveautés proposées chaque jour, incite aussi à l'ultra-consommation. Un problème majeur quand on connaît le mauvais bilan environnemental de l'industrie textile, comme l'atteste en détail l'organisation Oxfam. Enfin, Shein est régulièrement accusée de plagiat.
La semaine dernière, Shein s'est faite remarquée en ayant levé 1 à 2 milliards de dollars lors d'un tour de table. Une opération qui lui permet de devenir «l’une des sociétés non cotées en Bourse ayant la plus forte valorisation au monde», note le Wall Street Journal, surpassant «les capitalisations boursières combinées de ses concurrents européens H&M et Inditex, propriétaire de Zara».