
Voici en cartes à quoi ressemblera l’Europe avec le changement climatique

C’est confirmé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec): la Terre se réchauffera bien d’1,5°C et ce d’ici 20 ans, soit plus vite que prévu. Leur rapport incrimine directement l’activité humaine et pour échapper au pire, il faudrait frapper fort. À moins que le monde entier ne réduise drastiquement et immédiatement ses émissions de gaz à effet de serre, il sera même probable qu'on atteigne rapidement +2°C au compteur. Mais concrètement, à quoi peut-on s’attendre en Europe? C’est justement la question à laquelle a répondu l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) avec plusieurs projections sur cartes. Une manière de comprendre en un clin d’œil ce qui pourrait arriver.
La Flandre à la merci de la mer du Nord
L’un des principaux dangers qui menace la Belgique, c’est la montée du niveau des océans. Dans tous les cas, cela arrivera. La question, c’est de savoir jusqu’où. L’AEE a imaginé deux scénarios pour la fin du XXIe siècle: un où les émissions de gaz à effet de serre resteraient modérées, et l’autre où elles seraient élevées. Dans le premier cas, la hausse des eaux serait limitée à maximum 0,6 mètre, c’est-à-dire dans la mer du Nord, le golfe de Gascogne et au large du Portugal. Mais si on est pessimiste, cette augmentation dépassera le mètre dans la majeure partie des eaux européennes, à l’exception de la mer Baltique.
Slider représentant la hausse du niveau de la mer d'ici la fin du XXIe siècle pour deux scénarios d'émissions, par rapport à la période 1981-2010 (à gauche scénario pessimiste, à droite optimiste):
Si on regarde les conséquences pour la Belgique, cela veut dire que la fréquence des inondations côtières serait multipliée par 27 ou 216 selon le scénario. Mais il n’y a pas que la côte qui serait exposée. Puisqu’une bonne partie de la Flandre se situe au niveau de la mer, l’intérieur des terres serait elle aussi vulnérable. L’AEE a de cette façon créé une carte reprenant toutes les zones qui pourraient être prochainement victimes de telles inondations. En Belgique, on peut grosso modo tracer une «frontière de vulnérabilité» partant de Furnes et passant par Bruges, Gand et Malines avant de se finir à Anvers. Mais ça, ce n’est rien comparé aux Néerlandais. Là-bas, c’est toute la moitié occidentale des Pays-Bas qui est menacée. Ailleurs, les zones sensibles sont la région de Dunkerque, la Charente-Maritime et la Vendée, l'est de l'Angleterre, de nombreux estuaires (Tamise, Rhône, Loire, Gironde, Danube), les côtes allemandes et danoises ainsi que plusieurs côtes italiennes (surtout en Vénétie, Émilie-Romagne et Frioul).
Zones habitées situées entre 1 et 6 mètres au-dessus du niveau actuel de la mer et donc vulnérables:
Plus chaud et surtout plus de risques de feux de forêt
Évidemment, une augmentation de la température multipliera les risques de sécheresse en Europe. Globalement, l’Europe centrale ne risque pas grand-chose. En Belgique, que les émissions de gaz à effet de serre soient modérées ou pas, il devrait y avoir sur la période 2041-2070 un peu moins d’un épisode de sécheresse supplémentaire. Par contre, la situation deviendra compliquée pour la péninsule ibérique, le sud de l’Italie, la Grèce et la Turquie. Dans le pire des cas, il pourrait y avoir là-bas plus de 2,5 épisodes de sécheresse supplémentaires en 2041-2070. À moindre échelle, le Midi de la France est lui aussi exposé, avec une augmentation de 1 à 2.
Slider représentant l'augmentation des épisodes de sécheresses pour deux scénarios d'émissions (en 2041-2070, par rapport à 1981-2010 ; à gauche scénario pessimiste, à droite optimiste):
Selon l’AEE, cela aura nécessairement des conséquences pour les agriculteurs. S’ils ne s’adaptent pas, ils pourraient perdre en Belgique entre 0,5% et 10% de leurs revenus (sauf dans les Ardennes et à la côte, où ils seraient préservés). Si au contraire ils modifient leurs cultures, leurs revenus pourraient augmenter de 5% dans presque toute l’Europe (sauf dans le Sud, où cette hausse se limiterait à +0,5%-5%).
Mais à côté de cet «effet positif», il y a l’augmentation parfois conséquente du risque de feux de forêt. Ici, le pays le plus exposé, c’est la France. Dans un scénario pessimiste, ce danger augmenterait de 40% sur une bonne partie de l’Hexagone (même en Bretagne). Le reste du pays verrait cette augmentation généralement limitée à +31-+40%. Dans les Ardennes, c’est ce même pourcentage que l’on retrouve. Si les émissions de gaz à effet de serre restent modérées, les forêts belges seraient plus susceptibles de brûler mais l’augmentation serait moindre (+11% à +20%). Ailleurs sur le continent, les incendies pourraient devenir plus fréquents surtout dans les Alpes, le nord de l’Espagne, les Apennins et les Alpes dinariques.
Slider représentant le risque de feu de forêt à la fin du XXIe siècle pour deux scénarios d'émissions, par rapport à la période 1981-2010 (à gauche scénario pessimiste, à droite optimiste):
Plus de pluies en Belgique
Au-delà de la chaleur, le changement climatique entraînera aussi des conséquences sur les précipitations, mais de manière très différente en hiver et en été. En hiver, c’est l’Europe de l’Est qui souffrira surtout avec une augmentation des épisodes de fortes pluies de l’ordre de 25%-35% en 2071-2100. En Belgique, il en serait de même pour l’ouest du pays. La partie orientale pâtirait pour sa part d’une hausse de 15%-25%.
En été, l’impact sera assez limité en Belgique où la hausse des fortes pluies sera globalement de 5%-15%. Par contre dans le Sud de l’Europe, c’est le contraire: il y aura moins de précipitations. Les côtes espagnoles, le sud de la France, l’ouest de l’Italie et une bonne partie de la Grèce pourraient ainsi voir ces épisodes de fortes averses se raréfier de 15%-25%, voire plus localement.
Slider représentant les changements de l'ampleur des épisodes de fortes pluies en 2071-2100, par rapport à 1971-2000, pour un scénario à émissions élevées. À gauche en été, et à droite en hiver: