
Inondations: la Wallonie crée un commissariat spécial à la reconstruction

Le gouvernement wallon a créé un commissariat spécial à la reconstruction de la Wallonie sinistrée par les inondations des dernières semaines et annoncé de nouvelles aides au relogement, lors d'une conférence de presse à Namur en présence du Premier ministre Alexander De Croo venu marquer son soutien.
Deux commissaires spéciales "reconstruction" ont été nommées, en les personnes de Catherine Delcourt et Sylvie Marique, a annoncé le ministre-président Elio Di Rupo. La première est commissaire d'arrondissement pour la Province de Liège et, à ce titre, a déjà assumé les fonctions de gouverneur en l'absence de ce dernier. Elle est spécialisée en planification d'urgence et en gestion de crise. "Notre mission sera de trouver une réponse à chaque problème des gens, avec les pouvoirs locaux", a indiqué Mme Delcourt, qui sera "très présente sur le terrain". Sylvie Marique, elle, est la secrétaire générale du Service public de Wallonie (SPW). Son profil l'amènera davantage à coordonner les différentes administrations. "Toutes les compétences wallonnes doivent se mobiliser, afin qu'à chaque problème, une solution soit trouvée", a-t-elle insisté.
202 des 262 communes wallonnes
Le commissariat spécial à la reconstruction est institué pour un an, mais sa mission pourra être prolongée en cas de nécessité. Il devra assurer la coordination et la gestion des mesures d'urgence et de la reconstruction, formuler des propositions pour un plan de reconstruction dans les communes concernées, et sera placé sous l'autorité du ministre-président Elio Di Rupo. Il pourra compter sur une cellule administrative, des experts administratifs et universitaires, et fera rapport chaque semaine au gouvernement afin de l'informer et le conseiller.
Le gouvernement wallon, qui avait déjà annoncé un premier plan à 2 milliards d'euros la semaine dernière, comprenant des mesures d'urgence, en a détaillé certaines ce mardi et l'a complété d'autres mesures. Ainsi, 202 des 262 communes de Wallonie seront admises au fonds des calamités, sur base d'un rapport de l'IRM. Il s'agit de toutes les communes des provinces de Liège, de Namur et de Luxembourg, ainsi que d'une quinzaine de communes en Hainaut et autant en Brabant wallon.
Les habitants de ces communes touchés par les inondations pourront bénéficier d'une indemnisation financière de la Wallonie, si elles rentrent dans les conditions d'aide. Le gouvernement devra prochainement revoir le mécanisme d'indemnisation du Fonds afin de l'adapter à l'ampleur de la catastrophe, que ce soit en matière d'indemnisation ou de simplification des procédures.
Une série d'aides supplémentaires
Sur l'aide de 50 millions annoncée la semaine dernière pour être mise à disposition des CPAS et des communes impactées en vue de favoriser le relogement des ménages sinistrés, le gouvernement s'est aujourd'hui accordé sur les modalités d'octroi d'une première tranche de 27 millions d'euros, dont 2 millions par commune à Trooz, Limbourg, Pepinster, Theux , Verviers, Liège, Esneux-Tilff, Chaudfontaine et Rochefort.
Sur l'aide de 25 millions annoncée la semaine dernière à destination des Sociétés de logement de service public afin d'assurer le relogement des locataires sociaux sinistrés, une première tranche de 15 millions d'euros a été octroyée. La Société wallonne du Logement est aussi autorisée à préfinancer les travaux de rénovation des logements des sociétés de logement de service public via l'octroi d'avances remboursables à taux zéro.
Aux 5 millions d'euros déjà annoncés pour les communes et provinces (support logistique et humains, travaux de première nécessité), 30 millions d'euros sont ajoutés, a indiqué le ministre des Pouvoirs locaux Christophe Collignon. Dont 1,5 million par commune pour Trooz, Limbourg, Pepinster, Theux , Verviers, Liège, Esneux-Tilff, Chaudfontaine et Rochefort. Un montant de 3,5 millions d'euros est débloqué à destination des provinces et à nouveau 3,5 millions comme intervention exceptionnelle à destination des gouverneurs, notamment pour l'aide à la dératisation.
Face aux montagnes de déchets charriés par les crues, le gouvernement a provisionné 5 millions d'euros pour soutenir les communes dans la location et la mise à disposition de conteneurs de collecte des déchets et la logistique y afférente - l'achat et la location de véhicules, de matériel et d'équipements divers - l'octroi d'heures supplémentaires et de primes pour le personnel - l'engagement de main d'œuvre supplémentaire ou d'intérimaire pour faire face aux besoins à rencontrer - la collecte et le traitement de volumes supplémentaires de déchets, etc.
Même si, désormais, "il n'y a plus de problèmes d'eau potable", a pu se réjouir la ministre de l'Environnement Céline Tellier, de nombreux travaux de dépollution d'hydrocarbures perdus par les citernes ou de réfection de berges de cours d'eau sont à prévoir. Un soutien régional de 2 millions d'euros aidera tout particulier, entreprise ou pouvoir public lésé pour la prise en charge de cette pollution, lorsque la pollution n'est pas couverte par les assurances parce que l'auteur ne peut pas être identifié.
Enfin, le ministre de l'Economie Willy Borsus a annoncé le lancement d'un marché afin de permettre aux communes sinistrées de disposer de containers adaptés pour pouvoir rapidement relocaliser les indépendants et commerçants dont l'activité a été balayée par les inondations.
Le besoin maximal est évalué à environ 750 containers pour une période de 3 mois. Un budget de 3,6 millions d'euros a été mobilisé. Une évaluation aura lieu fin août afin d'analyser la pertinence du renfort ou de l'adaptation du dispositif.
De son côté, le Premier ministre Alexander De Croo a annoncé la levée du plafond actuel de 500.000 euros qu'une entreprise peut donner par mécénat à chaque exercice fiscal, tout en profitant d'une déductibilité fiscale, dans le but de booster la reconstruction dans les régions frappées par les inondations. Une autre mesure fédérale annoncée ce mardi consiste en l'extension aux maisons touchées par les inondations de la réduction de TVA pour les travaux de démolition-reconstruction.