Le paradoxe wallon: trop de chômeurs, pénurie de main d'oeuvre

Selon une nouvelle étude du Forem, 126 métiers sont en demande expresse de travailleurs. C'est particulièrement le cas dans le secteur de la construction.

Belga

La Wallonie recense 200.000 chercheurs d'emploi. Pourtant, dans un même temps, 126 métiers sont à la recherche de travailleurs. Selon une analyse du Forem, il y a 50 métiers critiques et 76 en pénurie de main d'oeuvre. Parmi ces derniers, 41 métiers appartiennent au secteur de la construction. Or, le plan de relance européen post-Covid implique de nouvelles infrastructures « vertes ». Et donc, des travailleurs dans la construction. Où sont-ils donc ?

7.000 postes sont pourtant à pourvoir dans le secteur. Et notamment dans sept nouveaux métiers qui étaient absents de la liste de 2020 (conducteur de grue télescopique, chapiste, vitrier, fontainier, isolateur de gros œuvre et toiture, monteur d'échafaudages et bétonneur). Dans les trente prochaines années, annonce encore le Forem, les besoins de main d'oeuvre seront énormes dans la construction.

Les autres métiers critiques ou en pénurie ? Cadre commercial, agent immobilier, développeur informatique, analyste financier, comptable, médecin généraliste, et puis, les métiers physiques : boulanger, boucher, mécanicien, carrossier, menuisier... Des métiers qui ne séduisent pas les jeunes et qui, lentement, se perdent. Le problème, c'est qu'on en a besoin. Depuis le début de l'année, le Forem a noté 66.415 offres d'emplois pour ces secteurs en pénurie...

Quelles solutions ?

Pour le Forem, il faut miser sur les formations. L'office wallon de l'emploi rappelle qu'une prime de 350 euros est offerte à toute personne qui se forme à un métier en pénurie. Le problème, rétorque l'Union wallonne des entreprises (UWE), c'est que le nombre de formations est réduit à peau de chagrin. Il n'y en a tout simplement pas assez !

« Au premier trimestre de cette année, 1.900 personnes seulement ont été formées à un métier en pénurie. En année hors covid, on est à 10.000 personnes par an. Au regard des 400.000 personnes qui passent chaque année au Forem, c’est peanuts », a estimé Olivier De Wasseige, l’administrateur délégué de l’UWE, dans les pages de l'Echo.

Pour la ministre wallonne de l'Emploi Christie Morreale (PS), il faut un contact plus étroit entre le Forem et les entreprises. D'autres pistes sont lancées, de tout côté : sensibiliser les jeunes, mobiliser les chercheurs d'emploi. Quoi qu'il en soit, la pénurie est là, et elle ne date pas d'hier. Les demandeurs d'emploi aussi. Ne manque « plus qu'à » organiser une rencontre.

 

(Didier Zacharie)

Plus d'actualité