Trop de masques sont jetés dans les rues

Une commune wallonne sur deux a constaté une augmentation des déchets sauvages liés à la crise sanitaire. L'ASBL Be WaPP lance une campagne de sensibilisation avec un message clair : la place des déchets est dans la poubelle, pas dans les rues.

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Sur cette aire d'autoroute de la E40, dimanche après-midi, une famille mange des burgers à l'intérieur de la voiture. Avant de partir, la mère ouvre sa portière et jette les sachets en papier, les boites en carton et les gobelets en plastique sur le parking. Le père redémarre. On aperçoit alors d'autres détritus, en plus des premiers : une paire de gants en plastique et un masque de protection. Une poubelle à moitié vide était disponible à deux mètres de là. Cette scène semble de nos jours complètement irréaliste. Elle est pourtant encore bien trop fréquente. En temps de crise sanitaire, elle fait encore moins rire que d'habitude. La plupart d'entre nous en a été témoin : masques, gants, mouchoirs usagés… depuis le début du confinement, les déchets abandonnés par terre sont légions.

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Valérie Cartiaux, porte-parole de l'ASBL Be WaPP (pour "WAllonie Plus Propre"), confirme cette recrudescence de pollution. Le constat est doublement problématique. D'abord, ces déchets sont potentiellement contaminés par le Covid-19! "Si on jette un masque, c'est qu'on le considère comme pollué. On risque de contaminer les gens derrière nous et surtout le personnel qui doit ramasser. C'est un manque de respect absolu", dit-elle. Ensuite, ces comportements inciviques sont mauvais pour l'Environnement. "La pollution de l'espace public est un phénomène qui n'est pas né suite à la crise du coronavirus. Ça existe depuis longtemps et on essaie de le combattre. Mais la crise a accentué le problème. Il y a deux phénomènes. Celui des déchets sauvages. Ce sont des emballages jetés par terre par des gens qui ne vont pas à la poubelle, par fainéantise. C'est aussi le phénomène des dépôts clandestins de déchets plus gros. On a remarqué pendant le confinement des dépôts de déchets ménagers. On n'a pas l'explication, mais une hypothèse : les Belges pendant le confinement ont consommé beaucoup plus à domicile. Ils ont plus mangé ou plus bu. Ils n'ont pas voulu payer pour se débarrasser de cet excès d'ordure."

Les poubelles publiques ne sont pas vos poubelles perso

L'ASBL a mené une étude dont Moustique a pu consulter les résultats en primeur. 50 % des communes wallonnes ont constaté une augmentation de la présence de déchets sauvages liés à la crise sanitaire, contre déjà 30 % au mois de mars. Ces déchets sont sortis en majorité à la sortie des magasins, près des poubelles publiques et aux arrêts de transport en commun. Par ailleurs, deux communes sur trois estiment que les poubelles publiques sont de plus en plus utilisées pour y mettre des déchets ménagers qui ne devraient pas s'y trouver. En outre, des déchets de construction ont été plus fréquemment retrouvés dans les dépôts clandestins. Mooimakers, l’homologue de Be WaPP en région flamande, et la cellule propreté publique de la Région bruxelloise ont constaté cette recrudescence et confirment ces mauvais gestes. Pour lutter contre ce fléau, Be WaPP s'est associé à Bruxelles Propreté pour mener une campagne de sensibilisation via des affiches apposées sur les façades des commerces et des spots radio et Internet.

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Un manque d'éducation

Ces comportements inciviques s'expliquent, notamment, par un manque d'éducation. "L'espace public est parfois vu comme une zone qui n'appartient à personne, poursuit Valérie Cartiaux. Certains peuvent être propres chez eux, trier, faire les choses correctement, mais dès qu'ils arrivent en rue, ils perdent leurs habitudes." Elle distingue plusieurs profils. Une partie de la population estimerait que parce qu'elle paie, quelqu'un peut ramasser derrière elle. Parfois, notamment des personnes plus âgées mais Cartiaux refuse de catégoriser et stigmatiser, pensent que mettre un sac en plastique avec des ordures ménagères dans une poubelle publique n'est pas problématique. "Ils ne savent simplement pas que c'est interdit, observe-t-elle. C'est un problème de connaissance. C'est pour ça qu'on fait de la vulgarisation. C'est également nécessaire sur le fait de jeter son mégot de cigarette dans une bouche d'égout. Beaucoup de monde ne sait pas qu'un mégot, c'est du plastique, pas du papier. Ça finit souvent dans les océans. Le lien entre jeter un masque par terre et la pollution des océans, par exemple, est méconnu."

Une autre cause de cette pollution concerne plus directement les administrations communales dont la politique de propreté publique n'est pas toujours optimale. Il suffit de passer une après-midi ensoleillée au parc pour voir les poubelles déborder. Pourquoi ne pas les vider plus souvent ? Certaines communes manquent tout simplement de moyens ou de personnel. Le côté imprévisible du remplissage est également une difficulté majeure puisque l'affluence dépend notamment de la météo. Or lorsque les poubelles débordent, les citoyens auraient tendance à déposer leurs ordures à côté alors qu'ils pourraient les transporter jusqu'à la prochaine corbeille…

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