
Ce que l’on sait de la pire tuerie de l’histoire du Canada

Plusieurs scènes de crime
Les premiers coups de feu ont retenti samedi en fin de soirée à Portapique, une petite commune rurale de la Nouvelle-Écosse, dans l’est du Canada. À leur arrivée, les policiers ont découvert " une scène de crime chaotique ", a déclaré Chris Leather, chef des opérations criminelles de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) de cette province. Plusieurs victimes ont été découvertes devant et à l’intérieur de la maison. Mais aucun signe du tireur. Leur quête les a menés à plusieurs endroits dont des bâtiments en feu.
" On ne sait pas encore le nombre exact de victimes. L’enquête se poursuit dans des secteurs que nous n’avons pas encore explorés en province. Il y a plusieurs sites dans la province où des gens ont été tués ", a reconnu le chef des opérations criminelles.
© BELGA IMAGE / Tim Krochak
Chasse à l’homme
Les habitants de la région ont été priés par les autorités de rester chez eux pendant que la traque se poursuivait. Dimanche en fin de matinée, à l’issue d’un vaste chasse à l’homme d’une douzaine d’heures, le suspect a été tué lors de son arrestation dans une station-service à Enfield, soit à une centaine de kilomètres de Portapique. Lors de la poursuite meurtrière, l’homme armé, âgé de 51 ans, a notamment circulé au volant d’une voiture semblable à celles de la GRC, portant une partie d’un uniforme de policier.
#Colchester: Gabriel Wortman may be driving what appears to be an RCMP vehicle & may be wearing an RCMP uniform. There’s 1 difference btwn his car and our RCMP vehicles: the car #. The suspect’s car is 28B11, behind rear passenger window. If you see 28B11 call 911 immediately. pic.twitter.com/yyeOeBt8Ui
— RCMP, Nova Scotia (@RCMPNS) April 19, 2020
Au cours de l’opération, une policière, Heidi Stevenson, 23 ans d’ancienneté et mère de deux enfants, a perdu la vie. Un autre policier a été blessé, mais ses jours ne seraient pas en danger.
Motivations inconnues
À propos de l’auteur présumé de ces meurtres, la police a divulgué quelques informations. Gabriel Wortman était un prothésiste dentaire qui partageait son temps entre Portapique et son cabinet situé à Dartmouth, près d’Halifax. Sous le choc, ses voisins le présentent comme un homme " serviable " et " très gentil ".
Ses motivations doivent encore être éclaircies par l’enquête. " Il est trop tôt pour parler de mobile ", a expliqué lors d’une conférence de presse le chef Chris Leather. Plusieurs victimes " ne semblent pas avoir de lien avec le tireur ", a-t-il noté. Mais " le fait que cet individu disposait d’un uniforme et d’une voiture de police laisse certainement penser que ce n’était pas un acte spontané ". La police a fait savoir qu’elle tenterait de déterminer si ce massacre avait un lien quelconque avec l’épidémie due au coronavirus.
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Acte insensé
" Cet événement a fait de nombreuses victimes. D’innombrables familles sont en deuil aujourd’hui ", a déclaré Lee Bergerman, commissaire adjointe de la GRC Nouvelle-Écosse. " C’est l’un des actes de violence les plus insensés que cette province ait connus ", a déploré Stephen McNeil, le Premier ministre de Nouvelle-Écosse. " Ce qui s’est passé dans notre province n’est pas ce que nous sommes. Cela nous changera peut-être un peu mais cela ne peut pas nous définir. Nous sommes forts. Nous prenons soin les uns des autres. "
Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a brièvement évoqué la situation lors de son point quotidien sur le Covid-19. " Je suis de tout cœur avec les gens qui sont affectés par cette terrible situation ", a-t-il déclaré, avant de remercier les policiers " pour leur travail acharné " et la population " pour sa coopération avec les autorités ".
Cette tuerie, dont le bilan pourrait encore s’alourdir, est d’ores et déjà la pire qu’ait connue le Canada. Le 6 décembre 1989, un homme avait tué par balles quatorze jeunes femmes à l’Ecole Polytechnique à Montréal, lors du premier féminicide de masse du pays – du moins le premier recensé en tant que tel.