
La force de l’épidémie diminue : pas le moment de relâcher l’effort

Le bilan s’alourdit encore un peu. 123 décès supplémentaires ont été recensés ces dernières 24h en Belgique suite au Covid-19, ainsi que 560 nouvelles hospitalisations et 1.189 nouveaux cas. Même si cela ne saute pas directement aux yeux, et que « chaque mort est un mort de trop », comme l’a justement rappelé Emmanuel André, porte-parole de la lutte interfédérale contre le Covid-19, on peut voir dans pareille situation des signes encourageants.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Les chiffres du jour viennent en effet confirmer la tendance observée depuis le début de la semaine et résumée par le porte-parole : « la force de l’épidémie diminue peu à peu. » Deux exemples : le nombre d’hospitalisations et le nombre de patients en soins intensifs. Si, dans les deux cas, ils ne diminuent pas, leur augmentation est pour autant ralentie. Le nombre de patients hospitalisés sur la journée d’hier n’a ainsi grimpé « que » de 1,5%. Dans le même temps, 436 personnes guéries ont pu quitter l’hôpital, ce qui constitue un record jusqu’à présent.
Autre indicateur à prendre en compte : le temps de doublement, c’est-à-dire le nombre de jours qu’il faut pour que le nombre d’hospitalisations et d’admissions en soins intensifs doublent. Celui-ci ralentit, signe du ralentissement, à ce jour, de la propagation du virus. La semaine dernière, le nombre d’hospitalisés avait doublé en quatre jours (de 1.380 à 2.675 hospitalisations). Depuis le 25 mars (depuis 6 jours donc), le nombre d’hospitalisations n’a pas encore doublé, puisque nous en sommes à 4.995 patients actuellement hospitalisés. C’est ce qu’indique ce graphique, publié sur Twitter par Marius Gilbert :
Le graphique ci-dessous présente l'évolution des temps de doublement (de J à J-5). On voit que le nombre de jours qu'il faut pour que les chiffres doublent augmente avec le temps. Cela confirme un ralentissement plus marqué des patients hospitalisés et des patients en USI. pic.twitter.com/s0gC3r5fyw
— Marius Gilbert (@mariusgilbert) April 1, 2020
À noter que dans ses graphiques sur le temps de doublement, l’épidémiologiste de l’ULB ne prend pas en compte le nombre de décès car, selon lui, « le temps entre infection et décès est extrêmement variable d’une personne à l’autre, selon son état de santé, l’âge, les co-morbidités, etc. »
Point d’inflexion
« Il est encore trop tôt pour faire des prédictions par rapport au pic, quoique les tendances observées vont dans le bon sens » a pointé ce matin Emmanuel André en conférence de presse. Pour les autorités sanitaires, c’est clair : nous n’avons pas encore franchi l’obstacle épidémique. L’ascension continue, mais la pente devient légèrement moins raide. Nous sommes actuellement dans ce que les épidémiologistes appellent le point d’inflexion, le moment où la courbe s’aplanit, où la propagation du virus augmente moins rapidement.
Les scientifiques restent très prudents à l’heure d’effectuer des pronostics pour savoir quand le pic épidémiologique serait atteint en Belgique, d’autant que ce pic ne sera définitivement connu qu’après la décrue qui, par définition, le suivra. Sur Twitter, Marius Gilbert a jugé que le pic du nombre d’hospitalisations et d’admissions en soins intensifs pourrait être atteint « en début de semaine prochaine » si la tendance des derniers jours se maintenait.
Pour autant, ce n’est pas du tout le moment de relâcher l’effort consenti. C’est ce qu’a rappelé une nouvelle fois Emmanuel André : « Avec les mesures que nous avons prises, nous avons divisé la société en plein de petits groupes entre lesquels nous avons limité les ponts, pour éviter que le virus ne circule d’un groupe à l’autre. Si nous recréons certains de ces ponts, le virus va continuer à circuler. Il y a un grand nombre de personnes qui sont encore porteuses, même sans avoir de symptômes, donc il est possible que vous soyez infectieux pour les autres. »