Accident de la route: "Je vous partage mon histoire, parce qu’hier j’ai merdé grave"

Jacques a provoqué un accident de circulation. Il pensait que rien ne pouvait lui arriver parce qu’au volant, "on se sent invincible, on a ce sentiment, qu’à nous, cela ne peut pas arriver". Et pourtant...

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©Unsplash/Courtney Corlew

"Après avoir passé une nuit de sommeil où mon inconscient n’avait cessé de me rappeler les faits de l’accident, j'ai ouvert les yeux. Quelques secondes plus tard, le temps que j'émerge de mon sommeil, j'ai réalisé ce qui s'était passé et je me suis demandé quand est-ce que ce cauchemar s’arrêterait".

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Jacques devra assumer, il le sait: "En une soirée, j’ai bousillé mes sacrifices du passé, reporté à plus tard mes projets de demain et mis la vie d’autrui en danger. Aujourd’hui, je vous partage mon histoire, parce qu’hier j’ai merdé grave", nous explique-t-il lors des États généraux de l’assistance aux victimes de la route en Région wallonne.

Un diplôme

Alors que la veille, il venait de vivre l'un des moments les plus symboliques de sa vie avec la cérémonie officielle d’obtention de son diplôme universitaire, tout bascule. "Dans la nuit, après une soirée arrosée avec quelques amis, aux alentours de 4h30 je me suis endormi au volant de ma voiture de société qui a percuté une voiture en envoyant son conducteur à l’hôpital. Dieu soit loué, j'ai appris quelques jours plus tard, que les jours de cette personne n’étaient pas en danger, bien qu’elle a été blessée physiquement".

Une fois sa voiture à l’arrêt, il prend conscience de ce qui vient de se passer : "Mon corps tremblait. Je me suis rendu compte de la situation dans laquelle je venais de me fourrer. Les conséquences fusaient dans ma tête. À ce moment-là, on ne veut pas croire à ce qui nous arrive. Je ne pouvais pas avoir fait cette erreur… Plus les minutes défilaient, plus je regrettais ce qui s’était passé mais c’était déjà trop tard. Il ne me restait plus que mes yeux pour pleurer et mes mains pour prier que je n’avais pas tué cette personne".

Pas gérer

Aujourd’hui il est condamnable pour une infraction au code de la route avec circonstances aggravantes, c’est-à-dire conduite en état d’ivresse et coups et blessures involontaires. "Je pense que comme beaucoup de personnes sur Terre, je considérais que reprendre le volant après avoir bu plusieurs verres était normal. On se dit « qu’on gère », que rien ne peut arriver parce qu’on se sent « invincible » parce qu’on a ce sentiment, qu’à nous, cela ne peut pas arriver. Je n’ai jamais été autant conscientisé du danger de l’alcool au volant que lorsque j’ai été moi-même l’acteur principal, malheureusement. J’aimerais que les gens puissent en prendre conscience avant l’accident, afin qu’ils ne fassent pas la même erreur que moi".

Aujourd’hui, le temps s’est écoulé depuis l’accident. "Cet événement m’a fait beaucoup de mal. Culpabilité, regret, doute, perte de confiance en moi, dépression et enfin perte de ma place au sein de notre système social et de mon cercle social proche. Durant des mois, je n’arrivais plus à être moi-même, j'étais rongé par ces sentiments énoncés plus tôt et je me repliais sur moi-même lors d’une rencontre sociale. Je ne veux plus commettre les mêmes erreurs. Aujourd’hui, j’ai l’impression de ne plus pouvoir vivre comme avant à moins d’agir à nouveau comme l’ignorant que j’étais".

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