À la découverte des soins intensifs pédiatriques

Depuis 1986, Dominique Biarent travaille aux soins intensifs de l'Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, l'USI. Une unité qu'elle dirige aujourd'hui depuis 2000 et qu'elle nous présente.

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Décrivez-nous l'unité des soins intensifs...

Rénovée il y a quelques années, elle s'étend aujourd'hui sur 1.500 m². À l'entrée de l'unité, il y a une zone réservée aux parents, avec cuisine, salle à manger, salon et salle de bains. Ensuite il y a l'espace des soins où on retrouve 17 lits. Trois d'entre eux sont dans une zone à part et réservés aux enfants gravement brûlés ou immunodépressifs. Les 14 autres lits sont chacun dans une chambre de 25m², avec vue sur l'Atomium et une armoire-lit pour les parents qui souhaitent rester auprès de leur enfant et un sas où sont disposé évier, masques, gants et le desk pour l'ordinateur réservé à l'infirmière, l'unité étant totalement informatisée.

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Quels sont les enfants qui passent par l'U.S.I.?

Tous ceux qui ont subi une chirurgie lourde et/ou cardiaque, y compris les nouveau-nés. Et ceux qui ont besoin du soutien de techniques invasives, qu'il s'agisse de ventilation artificielle ou d'hémofiltration (forme de dialyse continue). Nous sommes le service où sont utilisées toutes les techniques lourdes. Quand un enfant a une défaillance d'organes et a besoin d'une technique de compensation, c'est chez nous qu'il vient.

Les gens sont devenus exigeants et il est difficile de leur faire comprendre que nous ne sommes pas en possession d'une baguette magique.

Les soins intensifs continuent à faire peur ?

Quand un enfant est hospitalisé en soins intensifs, les parents gardent souvent en tête la notion de danger de mort. Mais la perception de la gravité n'est pas la même chez les parents que chez les soignants. Pour aider tout le monde à passer ces moments difficiles à gérer, les soins intensifs ont une psychologue attitrée.

Être soignants à l'U.S.I. est difficile à vivre ?

Cela peut être émotionnellement très lourd. D'autant que les gens sont devenus exigeants, ils veulent tout immédiatement et il est difficile de leur faire comprendre que nous ne sommes pas en possession d'une baguette magique. Un enfant ne va pas guérir instantanément parce que ses parents l'ont décidé. Parfois, les choses prennent du temps, ce que ne comprennent pas certains. Nous sommes de plus en plus souvent confrontés à l'agressivité des gens.

Travailler avec des enfants est-il plus compliqué qu'avec des adultes ?

C'est plus simple sur le plan social et communicationnel mais pas sur le plan médical. Les maladies des enfants sont plus compliquées, nous devons faire face à une variété gigantesque de pathologies, métaboliques ou congénitales. Et avec les enfants, chaque geste doit être pesé et mesuré. Les techniques sont également plus complexes. Par exemple dans le cas d'une intubation, quand la trachée d'un adulte a un diamètre de 1cm, celle d'un enfant n'en fait que 4mm. Mais nous sommes formés à ça. Et on ne fait bien que ce que l'on fait tous les jours.

Vous estimez ne pas être assez nombreux ?

Nous avons droit à deux équivalents temps plein par lit. Dans notre unité, nous sommes, sur le papier, 38 infirmières. Mais ce sont des chiffres uniquement sur papier parce que toutes ne sont pas présentes, certaines sont enceintes ou malades. Et avec cet effectif, nous devons gérer tous les soins lourds inhérents à notre service, 24h/24, 7jours/7.

Une situation que vous avez essayé de modifier ?

Aujourd'hui une personne diplômée en soins intensifs peut soigner aussi bien des adultes que des enfants. Or ce n'est pas du tout le même métier. Nous essayons que les soins intensifs pédiatriques soient reconnus. Il y a bien eu un arrêté royal publié en 2015 mais des hôpitaux privés l'ont fait casser. À cause de cela, nous n'avons toujours pas de reconnaissance. L'autre problème c'est que, sans cette reconnaissance, nous avons les mêmes quotas de personnels que ceux des soins intensifs adultes. Or les deux ne sont pas comparables. Avec les enfants, tout prend plus de temps, qu'il s'agisse de la communication par rapport aux soins ou à ces derniers.

Malgré les difficultés structurelles et celles liées aux soins, vous vivez malgré tout de belles histoires...

Nous avons la chance de remettre sur pied des enfants parfois très malades et de les voir revenir nous dire bonjour quand ils vont bien. C'est valorisant. Et ces belles histoires font qu'on continue à travailler.

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