
Astérix le gaulois a dépassé Tintin le nonagénaire
Environ 220 millions d’albums des aventures de Tintin ont été vendus depuis sa création. Mais Astérix le devance avec tout de même 370 millions de ventes. Il faut dire qu'Astérix sort régulièrement des nouveautés et aligne treize albums supplémentaires à son compteur. On peut questionner sérieusement les différences de stratégies commerciales. Avec son parc et ses films réguliers, Astérix a su doper sa popularité et rester dans l'actualité là où son outsider qui a marché sur la lune et bourlingué en Amérique et en Afrique commence peut-être bien à stagner à son image surannée.
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La vente des albums du personnage de Hergé s’éroderait avec le temps : - 25 à 30% tous les 10 ans même si Tintin reste « la vache à lait » de Casterman. Selon les sources, un million à trois millions d’albums sont vendus tous les ans, dont 1,5 millions seraient vendus en Chine. Signalons encore qu’à peine 5 millions d’albums Tintin ont été vendus aux États-Unis en... 50 ans. Astérix vend assurément plus de 3 millions d'albums par an.
L'aventure décevante avec Spielberg
Si Casterman profite largement du petit reporter, c’est cependant l’héritière d’Hergé, sa seconde femme, Fanny, avec son époux Nick Rodwell, qui, via la société Moulinsart SA, gèrent et touchent les droits d’auteur. Le contrat qui lie Casterman à Moulinsart SA court jusqu’en 2053. Casterman édite seulement les albums de Tintin, tout ce qui relève de produits spéciaux revient aux Éditions Moulinsart qui vendent quelque 300.000 ouvrages sur Hergé et Tintin par an.
La somme reversée par Casterman aux Rodwell est estimée à 1,7 million annuel. Viennent s’ajouter les ventes des livres estampillés "Moulinsart éditions", mais surtout celles de l’ensemble des produits dérivés : figurines, posters, sacs, tee-shirts… Enfin, les ayants droit ont aussi été intéressés, à 2,5 à 5 % sur les entrées (décevantes…) du film réalisé par Steven Spielberg, sorti en 2011. On attend toujours le second du genre et il n'arrivera peut-être jamais. Pendant ce temps, plus modestement peut-être et pour un public francophile, Astérix se hisse régulièrement en haut de l'affiche du septième art.
La stratégie pointilleuse de l'héritière d'Hergé
Moulinsart ne communique plus son chiffre d'affaire. Depuis 2015, la société afficherait des exercices en perte chaque année (774.000 euros pour 2017-2018), notamment liées aux coûts de fonctionnement et à la trop faible fréquentation du Musée Hergé de Louvain-la-Neuve. Depuis cinq ans, Moulinsart, extrêmement pointilleuse sur la préservation de ses droits, a certes assoupli sa politique très procédurière et recherche les bonnes occasions pour faire parler du héros. La rétrospective Hergé à Paris avait permis de booster les ventes d’album de 30 % en France.
Au total, les critiques sur la gestion fermée et très protectrice de Moulinsart ont été fréquentes. Ont-elles terni définitivement la sympathie pour notre journaliste et son inséparable Milou ? Tout porte à croire que le business autour de Tintin reste impressionnant mais ne va plus aller en s'amplifiant.