

D'après l'Organisation internationale de l'aviation civile (Icao), plus de 102.000 avions civils prennent les airs chaque jour transportant près de 8,5 millions de passagers via près de 18.000 aéroports commerciaux. En Belgique, le nombre de passagers n'a jamais été aussi élevé. Depuis 2015, plus de 30 millions de passagers transitent par nos aéroports. L'avion est pourtant l'un des moyens de transport les plus polluants qu'il soit. Pour un trajet de 500 kilomètres, il émet jusqu'à 241 kg de Co2 par tête de pipe contre 170 kg pour la même distance parcourue en voiture, selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Le trafic aérien serait ainsi responsable de 12,3 % des rejets de gaz à effet de serre. La situation ne va pas en s'améliorant. Comme l'observe le sociologue de l'ULB Pierre Lannoy, les jeunes générations, même les "bobos particulièrement sensibles aux questions environnementales et qui rejettent l'usage de la voiture essence ou diesel", n'ont jamais autant voyagé à l'autre bout du monde.
Que font les États pour limiter les dégâts? Certains pays comme l'Allemagne et la France ont mis en place un genre de "taxe CO2" sur les billets d'avion. En Belgique, malgré plusieurs tentatives depuis 2009, une telle fiscalité n'est pas d'application. Ryanair ayant notamment menacé de réduire de 17 % ses activités à Charleroi, impliquant la suppression d'un millier d'emploi. Dans l'Union européenne, le transport aérien international fait en outre l'objet d'une exonération TVA. Michel Wautelet, membre de l'Association d'étude du pétrole et du gaz (Aspo) explique: "Les compagnies peuvent payer les taxes pratiquement où elles souhaitent, dans le pays d'arrivée ou de décollage, là où se trouve le siège social… Créer une fiscalité à leur égard est donc particulièrement complexe. De plus, le risque est de les voir quitter le marché belge."
Serait-il par contre possible de s'envoler à bord de bolides plus écologiques? En théorie, oui. D'abord, Michel Wautelet estime qu'en développant de façon raisonnable les agrocarburants, du carburant obtenu grâce à la transformation chimique de colza ou de blé, on pourrait remplacer jusqu'à 5 % du pétrole utilisé par le transport belge, soit tout le kérosène belge. Mais cela demande des investissements et une volonté politique jusqu'ici insuffisants. Ensuite, le Solar Impulse, l'avion solaire qui a fait le tour du monde, en a fait rêver plus d'un. L'initiative reste toutefois unique et vraisemblablement peu généralisable. La prochaine génération de moteurs devrait néanmoins produire environ 15 % de CO2 en moins. Mais il faudra attendre 30 ans pour que le parc aérien mondial soit totalement rénové.
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