
Thomas de Bergeyck: "Pas royaliste, monarchiste convaincu"

Pourquoi avoir choisi ce lieu pour notre interview?
Thomas de Bergeyck - C'est un endroit très sympathique, et où je me pose régulièrement. J'habite tout près, et c'est parfaitement situé, entre le parc et le cinéma où je me rends souvent. C'est un havre pour boire un café, se relaxer et visionner sur mon portable les émissions de mes camarades que je n'ai pas le temps de regarder au boulot. Grand consommateur de télé, je dois m'offrir du temps pour tout voir, quitte à regarder des trucs en accéléré...
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C’est un endroit assez branché. Vous êtes quelqu’un qui vit avec son temps?
J'essaie, oui! En même temps, j'ai une certaine nostalgie d'une jeunesse insouciante. Nos parents disent toujours que tout était mieux dans les années 60 ou 70... Pas d'accord. Moi j'adorais les années 80, celles où j'ai grandi. Les films genre E.T. ou Retour vers le futur, les vélos BMX, les walkmans... Cet univers lié à l'enfance trotte toujours dans un coin de ma tête, avec ce quelque chose de rassurant.
C'est cohérent avec votre goût pour les traditions, ça...
C'est vrai que dans Place Royale, je parle des monarchies, d'univers plus confinés et qui, a priori, sont plutôt tournés vers le passé. Mais attention: c'est plus moderne que cela en a l'air. A l'heure qu'il est, il y a 12 monarchies en Europe. C'est beaucoup. Et je ne pense pas que seuls les régimes républicains ont leur place dans notre époque. Les monarchies se doivent d'être modernes, et certaines ont encore beaucoup de choses à faire pour l'être, notamment la nôtre.
Être estampillé "Monsieur Place Royale", ça vous convient?
Je l'ai un peu cherché! Et comme je m'y attendais, ça ne me gêne pas. Avant de remplacer Anne Quevrin en 2010, j'ai enquillé des sujets pour l'émission pendant 5 ans. Je suis donc ravi d'en être aujourd'hui aux manettes et d'avoir pu la moderniser. Sur les 785 numéros de l'histoire du programme, j'en ai présenté environ 120...
Etre "comte" et, donc, avoir du sang noble, ça vous colle aussi à la peau?
Disons que j'ai pris l'habitude qu'on m'en parle. Mais ça ne change rien à mon job. Beaucoup d'autres journalistes ont ce genre de titre, personne ne leur en parle... parce qu'ils ne présentent pas Place Royale! Alors, bien sûr, j'ai été élevé dans une culture "de goût" et de tendance royaliste. C'est comme ça, dans la noblesse. Mais la matière me passionne de toute façon. Comme Stéphane Bern qui, lui, est roturier et a tout appris sans baigner dedans...
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Est-ce que vos parents vous ont laissé choisir la voie du journalisme sans faire des grands yeux?
Mon père m'a dit "Essaie d'abord le droit". Ce que j'ai fait. Mais ce n'était rien pour moi et, en 2e candi, j'ai bifurqué en communication. Je dois remercier mes parents de ne m'avoir jamais brimé ou retenu. A l'âge de 14 ans, par exemple, quand j'ai demandé à mon père de pouvoir partir trois jours à Rome, tout seul, il m'a laissé faire. L'année suivante, je partais à Londres avec cette même liberté...
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Racontez-nous une anecdote que vous n'avez jamais dite sur votre parcours...
Un truc m'est revenu en tête récemment. Je n'en ai jamais parlé dans la presse... A l'âge de 12 ans, je me souviens avoir été invité au Palais! En fait, le professeur particulier du prince Laurent était un ami de mon père. Un jour, comme il était invité au feu d'artifice du 21 juillet, il a demandé à pouvoir inviter notre famille. C'était assez étonnant de se retrouver sur la terrasse, parmi plein d'invités. Bien sûr, on m'avait appris le protocole, notamment sur la manière de serrer la main...
La famille royale, vous l'admirez?
Non, je ne suis pas du tout dans l'admiration. J'ai les pieds sur terre... C'est un régime qui est fragile, en plus d'être très critiqué. J'ai du respect pour elle, parce que je sais dans quel pays nous vivons et je sais que pour ce pays, la monarchie est la seule issue. Les dissensions politiques ne peuvent être arbitrées que par quelqu'un qui se trouve au-dessus de la mêlée. Donc voilà... Royaliste, non. Monarchiste convaincu, oui.
Comprenez-vous néanmoins qu'on puisse être sceptique face à un milieu qui semble déconnecté de la réalité?
Bien sûr. Mais je pense qu'on se trompe lourdement sur le côté "monde à part". Ils savent très bien dans quel pays ils vivent et ils font des efforts. Selon moi, ils sont parfois victimes du fait que la presse s'acharne sur eux et qu'ils sont beaucoup plus épiés qu'avant. Parfois, ça les fait perdre pied. Et comme c'est une famille qui ne communique pas beaucoup, on cherche à en savoir toujours plus, en supposant, en interprétant ou en relayant des choses suggérées par d'autres.
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Quelles seraient vos premières décisions si on vous confiait le trône belge le temps d’une journée?
Houla... (Il réfléchit.) Peut-être que je demanderais qu'on me soumette une liste de gens à gracier ou à honorer. Et ensuite, je rafraîchirais la façade du Palais de Bruxelles, qui a quand même pris un coup de vieux. Devant un parc aussi beau, c'est dommage...
Interview complète dans le Moustique du 8 mai.