Supermarchés, super-arnaques?

Promos trompeuses, offres bidon, prix faussés... La grande distribution est soupçonnée de pratiques commerciales douteuses. Décodage des entourloupes les plus courantes.

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En avril 2013, Test-Achats menait une enquête dans une vingtaine de supermarchés belges, afin de traquer les éventuelles infractions commises par les principales enseignes de la grande distribution belge. L'association de consommateurs n'avait pas hésité à mettre en garde les clients contre les "pièges" tendus par les supermarchés les invitant à payer plus qu'ils ne devraient: avantages ou promotions trompeurs, étiquettes de prix erronées, augmentations cachées, etc.

 

A l'époque, Coméos, la Fédération du commerce se défendait en invoquant des erreurs de bonne foi, arguant que celles-ci étaient de moins en moins nombreuses et même souvent en faveur du client, là où Test-Achats parlait de "pratiques habituelles". Sauf qu'aujourd'hui, une initiative du SPF Economie vient à nouveau insinuer le doute. Après avoir mené leurs propres visites dans les magasins de onze chaînes différentes, les inspecteurs fédéraux ont relevé des infractions manifestes aux pratiques commerciales. L'enquête du SPF Economie n'étant pas encore bouclée - elle a été révélée par une fuite dans la presse - on dira qu'il est encore trop tôt pour parler de duperie organisée dans l'ensemble de la grande distribution. Cela ne vous empêche pas, en consommateur avisé, d'ouvrir l'œil. Suivez le guide.  

 

Le juste poids

Postée sur Youtube, cette vidéo a fait son petit effet, fin du mois dernier. Dans un supermarché Casino, en France, un client s'est rendu compte que certains filets de légumes censés peser 1 kg (et vendus comme tels) n'affichaient en fait sur la balance que... 740, 790 ou 835 g. Soit jusqu'à plus de 25 % de différence. La direction de l'enseigne parle de cas isolé. Sauf que les autorités françaises de la consommation signalent tout de même un taux d'infraction oscillant entre 4 et 8 % ces deux dernières années. Et en Belgique? L'une des cinq infractions constatées par le SPF Economie, qui ne préfère pas communiquer pour l'instant à ce sujet, concernerait justement la différence entre le poids réel d'un produit emballé et celui communiqué sur l'étiquette...

 

La taille importe peu

Avant, c'était simple. Plus grand, c'était forcément moins cher: évitons les portions de célibataires et fonçons sur les Family Pack. Cette vérité est inscrite dans le cerveau reptilien du consommateur. Qui malheureusement rate parfois l'évolution des pratiques commerciales dans la grande distribution. Même pour des produits aussi basiques que les yaourts, le riz, l'huile ou la lessive, Test-Achats avait conclu dans son enquête de 2013 que l'augmentation de la taille du conditionnement allait parfois de pair avec celle du prix. Même les "multipack", ceux-ci se révélant parfois plus onéreux qu'un achat à la pièce.

 

Quelque exemples, relevés par Test-Achats: un bidon de lessive liquide de 4 litres vendu 21,60 € alors qu'en version 2 litres, il ne revient qu'à 9,95 €. Ou encore une boîte de céréales dont le conditionnement de 375 g passe à 500 g (et la mention magique "Maxi Pack"), mais avec un prix... doublé. Ou enfin, un pot de yaourt de 750 g à 3,11 €/kg alors que sa version d'un kilo affiche dix cents de plus. "Une pratique habituelle", dénonce l'association de consommateurs, qui exige à ce titre que les étiquettes de prix mentionnent désormais le prix au litre ou au kilo de façon aussi visible qu'à l'unité. 

 

Sauf qu'il n'y a pas qu'en matière de prix affichés que la taille fourvoie le consommateur. En encourageant l'usage de chariots de plus en plus surdimensionnés, la grande distribution joue sur la peur du vide du consommateur, qui considérera que son shopping n'est pas terminé tant que son caddie ne sera pas rempli à ras bord. Même remarque pour les sacs bleus au logo d'un certain géant du meuble suédois, dont les dimensions vertigineuses combleront volontiers toutes les tentations d'achats impulsifs.

 

Emballé?

Deux sachets de chips ont exactement la même taille. Vraiment? L'un des deux contient 30 g de moins que l'autre. De tels exemples regorgent dans les supermarchés. Sans compter les initiatives de repackaging d'un même produit, rarement à l'avantage du consommateur. Test-Achats a ainsi remarqué qu'une marque de chips vendait ses produits dans des tubes de 200 g jusqu'il y a quelques années. Aujourd'hui, ceux-ci en pèsent 10 de moins, mentionnent "XXL" sur l'emballage et sont vendus... 42 % plus cher. Et on ne vous parle pas des techniques plus subtiles encore pour masquer l'inflation, consistant à appauvrir la recette de certains produits afin de conserver un prix apparemment équivalent. Comme ces saucisses TV contenant de plus en plus de liquide et de moins en moins de viande ou ces agents de remplissage (dérivés de céréales, beurre de cacao) peu chers à produire qui envahissent biscuits et autres sucreries.

 

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