
Puggy: "Oui, on rêve de remplir des stades. Et alors?"

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Le parcours de Puggy est une suite d'accidents heureux. La chance, ça joue aussi en rock?
Matthew Irons - Mon père m'a toujours répété qu'il fallait savoir créer sa propre chance. Nous avons toujours travaillé d'arrache-pied afin d'être prêts lorsque des opportunités se présentaient à nous. A ses débuts, Puggy acceptait de se produire partout, même lorsqu'il n'y avait pas de cachet. Sur cinq concerts, il y en avait trois où nous jouions devant cinq personnes, mais les deux autres nous permettaient d'avoir d'autres débouchés. Alors, oui, c'est de la chance d'avoir pu ouvrir à Couleur Café en 2007. C'est de la chance d'avoir pu bénéficier d'une diffusion en boucle ce jour-là sur MCM parce le festival avait été interrompu à cause d'un incendie. C'est de la chance que le chanteur du groupe américain Incubus nous ait vus à la télé et proposé de nous emmener en tournée en Europe et que, plus tard, son manager a renseigné notre nom à celui des Smashing Pumpkins. Mais tout ça, nous ne l'aurions pas réalisé en restant dans notre garage.
Il paraît que vous répétez tous les jours. Info ou intox?
Ziggy Franzen - Oui, mais c'est quelque chose de naturel. Sur scène, on peut se permettre des tas de choses: des impros, des solos, des nouveaux arrangements pour changer la dynamique des morceaux... Cette liberté s'acquiert en répétant. Mais il n'y a aucune règle ni aucun horaire, ce n'est pas l'usine. Parfois, on fait simplement une mise au point ou on travaille sur des reprises de chansons d'autres artistes.
Comment faut-il comprendre le titre "To Win The World"?
M.I. - "To Win The World" peut se traduire par "Gagner le monde" ou "Pour gagner le monde". Nous assumons ce double sens. J'habite dans le quartier européen et pendant que nous écrivions l'album, il ne se passait pas un jour sans qu'il y ait une manifestation. Le titre de notre album peut être compris comme une réflexion sur le malaise économique de notre époque et l'une de ses causes qui est la course au profit immédiat. Les gens veulent toujours plus, mais est-ce pour ça qu'ils seront plus heureux? Nous avions la même réflexion par rapport à Puggy. Qu'est-ce que ça voulait dire "faire mieux que" notre album précédent "Something You Might Like" qui nous avait déjà apporté tant de choses? Jusqu'où pouvait-on rêver? Nous avons voulu revenir à l'essentiel: l'énergie déployée par le groupe en live. Pour la première fois, nous avons réussi à faire un album qui sonne comme nos concerts.
Qu'est-ce qui fait l'identité de Puggy selon vous?
Romain Descampe - Nous sommes trois amis et trois musiciens aux influences différentes. On fonctionne sans hiérarchie. Dans nos compositions, nous n'essayons pas de faire quelque chose de cérébral. Même si on s'autorise beaucoup, on sait qu'une bonne chanson, c'est avant tout une bonne mélodie qu'on peut fredonner en sifflant.
Vous êtes tous les trois nés à l'étranger mais basés à Bruxelles. Comme jugez-vous la scène musicale belge?
M.I. - On adore la mentalité belge. Il y a beaucoup d'autodérision et de modestie, surtout chez les groupes francophones. Qualitativement, le niveau est très élevé. J'ai l'impression qu'on est parfois plus admiratif de la scène belge en France qu'en Belgique. En France, ils pensent que nous sommes des stars ici alors que, oui ça va, mais on peut sortir en rue sans qu'on nous arrache nos vêtements.
Que peut-on vous souhaiter de mieux?
R.D. - Nous espérons que "To Win The World" marche aussi bien que notre album précédent, et même un peu mieux. On se demande aussi si on a le droit de dire qu'après l'AB et les festivals, on veut jouer à Forest National et faire un jour des stades. Ça paraîtra arrogant ou irréalisable pour certains, mais nous, on y croit (l'interview a été réalisée avant que... la date de Forest ne soit annoncée).
Jeudi 18 juillet, scène Proximus
Puggy
To Win The World
Universal