
Les Nuits Bota: Charlotte for ever

Tombée sous le charme de l'album "Out Of Touch" de Connan Mockasin, paru en 2011, Charlotte Gainsbourg avait souhaité travailler avec le déjanté musicien néo-zélandais et son groupe. Dans l'euphorie d'une collaboration sur "Stage Whisper", dernier disque de Charlotte rassemblant titres live et chansons inédites, les voilà donc réunis sur scène pour quelques dates étalées sur mai et juin.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Sans disque à défendre, sans pression et finalement sans autre motivation que de celle de voir jusqu'où peut aller cette nouvelle alchimie.
Ce samedi, au Cirque Royal, nous avons été conquis. Charlotte Gainsbourg a transformé sa timidité parfois maladroite en vraie douceur naturelle. La plupart du temps, elle chante assise sur un tabouret en fixant un point imaginaire dans la salle. Le timbre est délicat, la voix reste fragile mais l'émotion est là. Bien là. Et les rires aussi.
Habillés de tenues blanches et de boots sombres créées par Nicolas Ghesquières, directeur artistique de Balenciaga, Charlotte et la troupe de Connan le barbare ont des allures de perfomers venus de l'espace. Le jeu de guitare cosmique de Mockasin et sa chevelure blanche immaculée ne font qu'accentuer ce côté Rencontre du troisième type.
Charlotte puise dans tous ses albums, y compris - à trois reprises- dans "Charlotte For Ever" écrit par son père quand elle n'était encore qu'une effrontée. Le mariage aussi improbable que réussi entre les voix de Charlotte et de Connan (notamment sur Heaven Can Wait) tout comme la confrontation brute de leur univers (la version électro hippie de Paradisco) débouche sur un répertoire complètement relifté.
Exit aussi les reprises de Serge Gainsbourg (Couleur Café) et de Bob Dylan qu'elle proposait lors de sa tournée précédente mais, par contre, une surprise avec la relecture magnifique du Ashes To Ashes de Bowie. Un beau moment.
Un mot encore. Comme ce fut déjà le cas en ouverture voici dix jours avec The Tings Tings, c'est un Cirque Royal tristounet, à moitié vide et cruellement sans ambiance "festival" qui a accueilli Charlotte Gainsbourg.
C'est dommage et ça remet une nouvelle fois en question l'utilisation de cette salle, à l'acoustique pourtant idéale, dans le cadre des Nuits Botanique. Sous le Chapiteau ou même dans une Orangerie pleine à craquer, Charlotte aurait été non seulement en plein coeur du festival, mais elle en aurait aussi fait accélérer le rythme cardiaque. Au Cirque, on a eu l'impression d'assister à un concert "normal" de saison alors que tout était là pour en faire un événement.