Les Ardentes : Les tops et le flop du Jour 2

La pop orchestrale de Son Lux, la flamboyance glam mais routinière de Placebo et l'arnaque du Grand Giorgio...

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Avant l'arrivée de Stromae  ce samedi à Liège, les Ardentes ont connu une deuxième journée de festival intense, contrastée et... sans pluie. On vous livre notre top/flop.

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TOPS

#6 The Internet

Avec sa silhouette aussi épaisse qu'une fricadelle vendue sur La Route des Saveurs, sa casquette de retraitée californienne vissée à l'envers et sa chemise blanche de communiante, on donnerait le bon Dieu sans confession à Syd Tha Kyd. A son look improbable, la  chanteuse androgyne échappée du très hype collectif Odd Future ajoute une voix qui réveille des vieux fantômes. Impossible en effet de ne pas penser au jeune Michael Jackson de "Off The Wall" ou au Stevie Wonder de Supersitition quand elle chante.  Très haut de gamme et servi par des musiciens au jeu aussi sec que sobre, son mélange de soul, de jazz et de hip-hop élégant doit certainement mieux s'apprécier dans un cadre intime que dans le hangar du HF6. Mais ceux qui prennent le temps d'y goûter à l'heure de l'apéro ne le regrettent pas. D'autant que derrière son sourire angélique, sa voix douce et cette néo-soul classieuse se cache une écriture coup de poing dénonçant les dérives de la drogue (Cocaine) ou des réseaux sociaux (Fastlane, The Say). La prestation de Syd Tha Kyd nous a donné envie de replonger dans son dernier album "Feel Cool". Ça sert à ça aussi un festival.

 

 

 

#5 The Horrors

De retour avec un album sensiblement plus dansant et ouvertement plus pop ("Luminous")que par le passé, les corbeaux du rock anglais se posent sous les tôles métalliques du HF6 avec un son gonflé aux hormones de croissance : un truc immense, dopé par des infra-basses ronflantes. Curieusement, malgré la puissance du débit sonore, le public massé au pied du podium parvient à taper la causette. Tranquilou. Comme si de rien n’était. Pendant une heure, les bavardages des uns rivalisent avec les chansons des autres. Sur scène, les nouveaux morceaux (So Now You Know, I See You, In and Out of Sight) passent plutôt bien l’épreuve du live. Mention spéciale à Chasing Shadows, sorte de longue transe baggy à la Stone Roses. Ailleurs, The Horrors se replie derrière les tubes du désormais classique "Primary Colours". Sea Within A Sea et Scarlet Fields, notamment, traversent l’obscurité comme des éclairs au beau milieu de la nuit. Un bon concert et blablabla. Et patati et patata.

 

 

 

#4 Coely

La jeune rappeuse d'origine congolaise basée à Anvers a une nouvelle fois étalé tout son talent.  Sans encore le moindre album à son actif (il devrait sortir début 2015),   Coely fait l'unanimité à chacune de ses prestations, qu'elle se produise en première partie de Kendrick Lamar à l'A.B. ou en lever de rideau d'un festival, comme c'était le cas ce vendredi en Outremeuse. Intense, varié, toujours accessible et à forte valeur ajoutée, son concert  se nourrit d'un savant dosage. C'est que sous son élégant chapeau Vans, la jeune femme varie les plaisirs, passant d'un chanson a cappella à une joute freestyle avec son MC,  d'un track soutenu par un beat old-shool à un refrain aux forts accents Lauryn Hill.  Avec pour armes de séduction massive un sourire qui lui sert de respiration, un flow limpide, des  positive vibrations  dans les refrains fédérateurs et une décontraction naturelle  quand il s'agit de communiquer avec son public, Coely a voit  l'assistance grossir au fur et à mesure que sa prestation avance et obtient au final une ovation qui fait vraiment plaisir. Nous l'avons déjà écrit, mais on le répète. Cette fille va devenir énorme.

 

 

 

#3 Placebo

Après vingt ans de carrière et sept albums,  la cote de popularité de Placebo en Belgique reste au sommet.  Dans la foulée de "Loud Like Love", dernier disque nappé d'une profonde mélancolie romantique, le groupe anglais a rempli le Sportpaleis d'Anvers, séduit plusieurs dizaines de milliers de personnes sur la grande scène de Werchter voici une semaine et fait encore le plein ce vendredi aux Ardentes.  Par rapport à Werchter,  c'est kif kif et bourricot si ce n'est que cette fois Brian Molko s'exprime en français au public.   L'énergie et l'intensité sont là,  on a attrape souvent de grands frissons (Too Many Friends, Song To Say Goodbye, The Bitter End), enfin le mur de son  et celui formé par les écrans sont impressionnants.  Mais il y a aussi des signes qui ne trompent pas.  Les musiciens ne sourient pas, ne communiquent jamais entre eux et changent de guitare ou de basse entre les morceaux comme l'ouvrier enfile son "bleu" de travail avant d'aller faire ses huit heures.  Et si ça reste toujours émouvant de voir les fans  s'abandonner  dans leurs refrains glam-pop, on regrette amèrement l'époque où Molko et Stefan Olsdal se lâchaient un peu plus.

 

 

 

#2 Method Man & Redman

Programmés sur la scène principale du festival, les deux ténors du rap East Coast affichent de beaux restes et quelques bonnes vieilles recettes. En version old school et super rôdée, la performance de Method Man & Redman a fait l’unanimité vendredi soir sur l’Open Air. Un scratcheur et un DJ dans le dos, les deux lascars arrivent à l’heure sur les planches et balancent directement du gros son. Les mecs sont clairement venus à Liège pour tout retourner. Ici, pas question de secouer les serviettes en braillant yo-yo-yo pendant trois quart d’heure. Pied au plancher mais un peu nuls en géographie ("Yo Belgium, Germany, What’s Up ? " ), les New-Yorkais déballent du tube (Y.O.U., Da Rockwilder), débouchent la bouteille de champ’ et organisent une petite sauterie aux Ardentes. Le duo invite le public à aboyer comme un chien made in USA (genre "Hou-Hou-Hou ") ou àrépéter "Wu-Tang. Wu-Tang. Wu-Tang " jusquà l’extinction de voix. À chaque fois, l’expérience parle et la magie opère. Dans le ciel, un drone survole la foule avec une caméra. Images à l’appui, c’est un public conquis. 

 

 

 

#1 Son Lux 

Compositeur classique, producteur de beats électroniques pour la scène hip-hop, l’Américain Ryan Lott débarque à Liège avec son groupe Son Lux. Programmé à l’heure de l’apéro,le mec a fixé rendez-vous au public des Ardentes sous l’Aquarium. En apnée entre pop orchestrale et électronique pluridimensionnelle, les chansons du trio s’appuient sur une guitare électrique, un clavier, une batterie métronomique et quelques beats distillés avec une précision chirurgicale. L’approche est minimale. Mais cela n’empêche pas Son Lux de nous faire un maximum d’effets. Élégants, super raffinés, les morceaux s’enroulent autour de la voix déroutante de Ryan Lott, chanteur à lunettes et grand gourou dandy de la pop moderne. Sur scène, le groupe s’affaire essentiellement autour des chansons de son dernier album ("Lanterns"). Les titres Alternate World , Easy et Lost It To Trying déboulent ainsi sur la pointe des pieds et enjambent une certaine conception de la perfection. Splendide.

 

 

 

FLOP

Giorgio Moroder

Son nom est Giovanni Giorgio, mais tout le monde l'appelle Giorgio et l'attend comme le messie du dancefloor  ce vendredi pour un dj set de derrière les fagots rassemblant ses productions les plus illustres. Las! Il faut très vite déchanter. Agé de 73 ans, le pionnier du disco reste sans doute un producteur de génie mais mixe  comme une tartine.   Un son pourri, des écrans diffusant au mieux des images d'archives, au pire des animations kaléidoscopiques dignes d'un générique de Chansons à la carte et à chaque morceau,  une bonne centaine de spectateurs frustrés qui quittent la salle. Derrière sa console, Moroder ne fait bien sûr rien du tout et s'en fout même que tout le monde s'en aperçoive. Il  boit son verre d'eau  et décompte les minutes qui le séparent de sa chambre d'hôtel et de ses pantoufles.  Mais la plus grosse faute de goût du grand Jojo est de noyer ses propres productions originales de gros beats bien vulgaires qu'un Avicii ou un Tiësto n'oseraient même pas proposer à une soirée tuning organisée sur le parking du Lidl de Morlanwelz. Reste comme seul amusement celui de revoir sur écran des extraits de Top Gun (pour son remixe de Take My Breathe away),  de Midnight Express (pour The Chase), de Metropolis (le puant Love Kills qu'il a produit pour Freddie Mercury) ou encore le ressuscité Limahl (oui, oui, le chanteur de Kajagoogoo avec sa coiffure pétard/jaune d'œuf) dans  Never Ending Story.  On se demande combien ont dû débourser les organisateurs des Ardentes pour avoir cette arnaque en exclusivité.  Trop sans doute. Son nom est Giovanni Giorgio et tout le monde l'appelle le gugusse...

 

 

Photos ©KMERON

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