
La piel que habito: Almodóvar en maîtrise

Le film s'ouvre sur les images sublimes d'une jeune femme vêtue d'une combinaison moulante couleur chair prenant des poses de yoga. C'est elle, la créature cousue main par Ledgard. Seule, emprisonnée, si précieuse. Mais il ne faut pas trop en dire… Ici, déflorer serait tuer le film. Et les questions de fuser. Qui est le bourreau? Qui est la victime? Pourquoi ce médecin scrute-t-il jour et nuit les moindres gestes de la jeune fille? Pourquoi est-elle enfermée? L'aime-t-il? Toutes ces questions trouveront des réponses (pour le moins ahurissantes) dans la seconde moitié du film.
Quelque part entre le vulgaire soap opera et l'élégant film d'horreur, La piel que habito est un film périlleux. Almodóvar incise, frôle l'invraisemblable – ce qui n'est pas nouveau -, mais il pousse ici le concept à un tout autre niveau. Il ose aussi des dialogues qui frisent le ridicule mais peuvent aussi glacer le sang. Et c'est ce constant exercice de funambulisme qui rend le film passionnant. Entre thriller bizarre et téléfilm de milieu d'après-midi. Ce n'est pas un coup de génie, mais un coup de maître.
La piel que habito
Réalisé par Pedro Almodóvar (2011). Avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes – 117'.