
Julia Roberts "Je suis tout à fait normale"

On l'imagine assez mal en pantoufles, affalée dans le divan pour regarder The Voice en famille tout en mangeant des carottes. Et pourtant, depuis dix ans, c'est cette confortable routine que Julia Roberts préfère aux lumières des plateaux de cinéma. Pourquoi? Souvenez-vous. Nous sommes au début des années 2000. La reine des comédies romantiques (Pretty Woman, Notting Hill, Le mariage de mon meilleur ami) obtient l'oscar de la meilleure actrice pour son interprétation décolletée d'Erin Brokovich. Rôle pour lequel elle touche par ailleurs le cachet le plus élevé jamais octroyé à une femme à Hollywood: vingt millions de dollars. Voilà, c'est fait, la jolie rouquine est devenue la plus grande star du cinéma américain. Plus rien ne semble désormais pouvoir l'arrêter. Plus rien, sinon une grande histoire d'amour avec Danny Moder, un caméraman rencontré sur le tournage du Mexicain, avec Brad Pitt. De ce mariage, naissent trois (forcément) beaux enfants, Henry et les jumelles Phinnaeus et Hazel, qui font de la sublime Julia "une mère avant d'être une actrice".
Non seulement Julia Roberts commence à moins tourner. Mais en plus elle tourne le dos à toute prise de risque, préférant des productions formatées capables de perpétuer à moindre effort son statut de star intouchable. S'il y a encore quelques bons films (la trilogie des Ocean's de Soderbergh ou Closer de Mike Nichols), la belle se vautre aussi dans des productions enfantines (des voix pour Lucas, fourmi malgré lui ou Le petit monde de Charlotte) et des guimauves dont Hollywood a le secret: Valentine's day, Blanche-Neige ou le sirupeux Mange, prie, aime. Un véritable gâchis.
Mais aujourd'hui, les fans de la délicieuse rouquine peuvent enfin se réjouir. A quarante-sept ans, Julia signe son grand retour. Dans Un été à Osage County, elle entre dans la peau de Barbara Weston, une femme au mariage chancelant qui va enfin oser se dresser contre son ogresse de mère, interprétée par Meryl Streep. Un film sans l'ombre d'une guimauve, mais truffé de scènes de famille féroces et impitoyables, pour lesquelles elle a mis au placard son arsenal habituel. Cette fois en effet, Sœur Sourire tire la gueule et se ronge les sangs. Elle accepte également la force invincible du temps. Un rôle-clé, à coup sûr. Dont elle nous a longuement parlé.
La rencontre avec Julia Roberts dans le Moustique du 19 mars 2014
Réalisé par John Wells. Avec Meryl Streep, Julia Roberts, Benedict Cumberbatch, Ewan McGregor, Sam Shepard, Chris Cooper, Julianne Nicholson - 121'.
Dans les salles le 26/3.