"Il n'en voulait pas qu'à mon sac à main..."

Les affaires de viol en Inde vous choquent? En Belgique, on en dénombre 11 par jour, qui laissent leurs victimes bouleversées, ainsi que leur entourage. Comme pour Irène. Ou Valérie.

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A quoi pensait Irène le dimanche 7 mars 2010 alors qu'elle était en route pour le travail, emmitouflée dans son manteau d'hiver, dans le froid de l'aube? Peut-être à ses trois enfants, sans doute encore endormis à la maison avec leur papa. Ou à ses patients, qu'elle s'apprêtait à retrouver dans leur maison de repos aux abords de Bruxelles. Peut-être aussi avait-elle une chanson en tête en marchant, comme cela lui arrive souvent. En tout cas, elle n'imaginait pas qu'en ce petit matin d'hiver, sa vie allait changer.

Dans la rue où se situe son lieu de travail, Irène sent quelqu'un marcher derrière elle. Sûrement un collègue. Elle se retourne. Le visage de l'homme ne lui dit rien. Elle poursuit son chemin sur quelques mètres, avec comme un mauvais pressentiment. Irène a à peine le temps de se retourner une seconde fois que l'individu l'attrape par les cheveux, la jette à terre et commence à la frapper brutalement. Elle tente de se débarrasser de son sac, croit qu'il cherche simplement de l'argent. Mais l'homme veut autre chose. Voyant que ses cris font redoubler les coups et craignant que l'homme soit armé, elle s'arrête de hurler. Une première voiture passe, ralentit, puis repart. Puis une seconde, qui ne s'arrête pas non plus. Irène apprendra plus tard qu'au volant de ce deuxième véhicule se trouvait une de ses collègues, qui a vu la scène mais ne l'a pas reconnue, croyant à une dispute conjugale. L'agression dure une vingtaine de minutes. Une éternité. L'agresseur a été jusqu'à arracher les bagues qu'elle portait aux doigts avec ses dents.

Le jour d'après

Ce matin de mars 2010, dans un dernier élan de lucidité, ou plutôt "un réflexe de survie", comme elle le décrit, Irène est finalement parvenue à s'enfuir. Mais elle est aussi un peu morte ce jour-là. Comme toutes les victimes de viol, Irène a le sentiment que son agresseur l'a en quelque sorte tuée. "C'est gravé pour toujours", dit-elle simplement. Mère de famille sans histoire, âgée de 38 ans au moment des faits, Irène a aussi intégré ces froides statistiques: chaque jour en Belgique, la police reçoit 11 plaintes pour viol

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La suite dans le Moustique de ce 25 septembre 2013

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