
Guillaume Gallienne - Rencontre du troisième type

Il est grand, fin, ressemble à un bébé bouclé parlant avec une étrange voix de fausset ("Je sais, cela fait des années que je vais chez un orthophoniste pour avoir un ton plus mâle", plaisante-t-il) qui le rapproche de Fabrice Luchini, autre célèbre allumé du plafonnier. Sauf que lui déboule sans prévenir, presque de nulle part. Quasi inconnu il y a encore six mois, Guillaume Gallienne a créé la surprise au dernier Festival de Cannes où son film, adapté de son spectacle éponyme Les garçons et Guillaume, à table! a eu l’honneur d’une standing ovation de 15 minutes. Une comédie autobiographique qui cartonne à Cannes, c’est dire si Gallienne doit avoir quelque chose de spécial.
Et de fait, ce garçon est un authentique phénomène à la diction précieuse et délicieuse (il pourrait vous séduire en lisant le bottin téléphonique), un monde à lui seul, un ovni qui ne vous laisse pas pareil une fois qu’il a croisé votre galaxie. Son film est à son image: décalé, gentil mais pas naïf, féminin, doux, poétique, théâtral et vraiment drôle.
Alors quand on lui demande s’il a bien vécu cette histoire un peu dingue d’un garçon qui a joué presque toute sa vie à "faire la fille" pour plaire à sa mère adorée - au point de se faire taxer d’homo par toute sa famille -, on n’est pas tellement étonné par sa réponse. "Pratiquement tout est vrai dans ce que je raconte. J’ai passé mon temps à imiter ma mère jusqu’à me prendre pour une fille. Mon père a toujours essayé en vain de me faire faire des sports de garçon et j’ai même testé ma sexualité sauf que quand je suis arrivé chez le garçon, ils étaient trois, alors je me suis enfui en prétextant que je m’étais mal garé… Evidemment, j’ai mélangé des choses qui ne me sont pas directement arrivées à moi. Ma grand-mère, par exemple, n’a jamais eu l’accent russe, c’est mon arrière-grand-mère. Bref, ce n’est pas forcément LA vérité, mais c’est ma vérité. Heureusement ou malheureusement, je ne sais pas, mais c’est vrai."
C’est bien de pouvoir en rire…
Guillaume Gallienne - Ah, ben heureusement, sinon je me foutais par la fenêtre! Moi ça m’a toujours fait rire. Mais après coup, ce malentendu sur mon identité sexuelle - que j’ai aussi créé car je voulais être le préféré de ma maman - m’a conduit en dépression à l’âge de 12 ans. Maintenant, je suis plutôt léger, du genre à me prendre des fous rires aux enterrements. La comédie, c’est ma manière à moi de soulever la soupape.
On ne vous connaît pas bien. Racontez-nous votre parcours.
G.G. - D’abord je suis un grand bourgeois, je crois que ça se voit comme un coup de poing sur la figure (il s’interrompt et commande, petit doigt levé et en espagnol s’il vous plaît, un café serré à l’attaché de presse). J’ai fait le Conservatoire chez Daniel Mesguish, je suis pensionnaire de la Comédie-Française, j’ai un peu tâté le cinéma. Notamment dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola, Jet-set aussi. Depuis cinq ans, je réalise des faux bonus de DVD pour le Grand journal de Canal +. Mais ce qui a réellement changé ma vie, c’est le spectacle qui, transformé en film, a fait du bruit sur la Croisette cette année…
Comment vivez-vous cette célébrité nouvelle et redoutée?