
Dans la peau de Scarlett

Limitée à sa plus simple expression, l’histoire plante sur Terre, dans un endroit sans nom, une extraterrestre aux traits divins de Scarlett Johansson et en observe l’étrange manège. Circulant dans un van aux heures les plus sombres du jour, la jeune femme accoste des inconnus pour les attirer dans ses filets, mais surtout pour se constituer un garde-manger pour survivre dans notre monde.
Quasi pas de paroles, scénario en boucle, litanie envoûtante du corps de Scarlett présenté à ces hommes dans un couloir noir avant qu’ils ne disparaissent, engloutis, dans des cris assourdis par un bourdonnement incessant. Le film a divisé à la Mostra de Venise. Par son esthétique sublime et glaciale, son impression de facilité et le malaise qu’il distille incessamment. Déroutant, entêtant, stimulant, ce n’est pas par son attirail science-fictionnel (qui emprunte aussi au film noir) qu’il nous intéresse, mais par tout ce qu’il dit sur nous, bizarres humains, notre irrépressible solitude, le malaise permanent que l’on véhicule dans nos peaux, étrangers que nous sommes à nous-mêmes et aux autres. Avec un tel pouvoir de fascination que nous ne nous en rendons compte qu’une fois sortis de la salle.