
Comment on fabrique un tube

Dès les premières mesures du teaser balancé à Coachella en avril, on a compris: Get Lucky des Daft Punk allait s'imposer comme le tube de l'été. Ça n'a pas manqué. Avec ses good vibes disco, le titre porté par Pharrell Williams et Nile Rodgers a abreuvé toutes les radios. Diffusé chez les bobos comme dans les maisons de retraite, parodié à l'envi, joué par David Guetta et siffloté par Obama, le morceau a envahi tous les créneaux pour s'inscrire dans le répertoire mondial des hits planétaires. Ceux qu’on n’oublie jamais vraiment, symboles d'une exaltation particulière, celle d'une époque.
Get Lucky, l'histoire d'un déjà classique
Des campings de Blankenberge aux soirées smoking blanc de Saint-Tropez en passant par les bars à farangs de Bangkok ou les clubs underground de Berlin, Get Lucky fait danser la planète depuis sa sortie le 18 avril dernier. Plus que les records de vente et d'écoute en streaming, c'était bien le but recherché par Daft Punk.
Contrairement aux songwriters traditionnels qui cherchent l'inspiration en regardant les oiseaux dans le ciel et en grattant deux ou trois accords sur une guitare acoustique, les deux robots masqués ont "fabriqué" Get Lucky pendant dix-huit mois en suivant un cahier de charge minutieux.
Thomas Bangalter et Guy Manuel de Homen-Christo souhaitent dès le départ un morceau disco. Ils composent une première maquette instrumentale au piano électrique avec un vrai bassiste et un batteur qui joue une rythmique à quatre temps (comme tous les grands tubes disco). Ils enrôlent ensuite Nile Rodgers, guitariste de Chic, qu'ils connaissent depuis 1997. Nile enregistre seul ses parties de guitare au Electric Lady Studio à New York, là même où il a gravé le tout premier single de Chic. Sur le résultat final de Get Lucky, on a même l'impression qu'il s'auto-sample, tellement le riff de guitare ressemble à celui qu'il avait plaqué en 1980 sur la chanson I'm Coming Out de Diana Ross.
Le coup de génie final? Pharrell Williams, auteur du texte! Ami des Daft dont il a remixé plusieurs titres, Pharrell revoit le duo français lors d'une party organisée par Madonna et les supplie de le laisser bosser sur leur nouvel album, "même si c'est pour jouer du tambourin". Daft Punk invite Pharrell à Paris et l'oblige à chanter jusqu'à l'épuisement la phrase/gimmick "I'm up all night to get lucky", devenue aujourd'hui un slogan hédoniste. "Une formule qui évoque le moment d'extase ultime, mais pas spécialement l'acte sexuel," précise-t-il. La suite, on la connaît.
Get Lucky a été numéro 1 dans vingt pays (dont la Belgique) et est toujours classé dans le top 10 de 32 pays. Il détient le record absolu d'écoutes sur Spotify avec 100 millions de clics. En Angleterre, le single s'est vendu 1 million d'exemplaires alors qu'aux Etats-Unis, on dépasse les 2,5 millions. Et c'est loin d'être fini.