

Le 14 mars, lors d’un direct du journal télévisé sur Pervi Kanal, Marina Ovsiannikova fait irruption sur le plateau avec une pancarte proclamant, en russe et en anglais: “Non à la guerre. Arrêtez la guerre. Ne croyez pas à la propagande. Ils vous mentent ici. Les Russes contre la guerre”.
Son geste a été qualifié d’acte de “hooliganisme” par le porte-parole du Kremlin.
La journaliste russe a assumé son geste et renchérit: “Le peuple russe est vraiment contre la guerre, c’est la guerre de Poutine, pas la guerre du peuple russe”.
Brièvement arrêtée, puis condamnée dans la foulée à une simple amende de 250 euros et laissée libre, elle a depuis quitté la chaîne. Elle risque des poursuites pénales passibles de lourdes peines de prison, jusqu’à 15 ans, selon une récente loi réprimant toute “fausse information” sur l’armée russe.
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Fille d’une mère russe et d’un père ukrainien, Marina Ovsiannikova, 43 ans, est diplômée de l’Université d’État du Kouban, puis de l’Académie russe d’économie nationale et d’administration publique.
Elle travaille d’abord pour la Compagnie d’État pan-russe de télévision et de radiodiffusion VGTRK. Elle anime ensuite une émission de sport sur Kouban TV, où elle parle de son attachement à l’équipe russe de football, de son peu de goût à voir des femmes jouer à ce sport mais s’enthousiasme néanmoins à l’idée que “si le football peut éloigner un homme d’une arme à feu, c’est tout simplement merveilleux!”...
Marina Ovsiannikova est mariée à un cadre de la télévision RT avec qui elle a deux enfants et dont elle est séparée. Son profil Instagram indique aussi qu’elle a participé à des compétitions de natation en eaux vives (Swim Stars et Oceanman) dans le Bosphore et la Volga. Une “maman heureuse” de deux enfants, qui aime ses golden retrievers et travaille à la production de Pervi Kanal.
Sur ABC, elle s’est dite “très inquiète pour la sécurité de ses enfants”, mais ne regrette pas d’avoir décliné la proposition du président français Emmanuel Macron de trouver asile en France. “Je suis une patriote, je veux vivre en Russie”, a-t-elle répété.
Au Guardian, un de ses amis explique que “comme toute personne travaillant pour l’État, elle avait extrêmement peur du système et de perdre la vie qu’elle s’était construite”. Selon la journaliste indépendante Farida Rustamova, ses collègues ont été “très surpris par son acte, car ils ne l’ont jamais entendue parler de politique”.
Des observateurs ukrainiens sur TF1 ont mis en doute l’honnêteté de la démarche de la journaliste, sans qu’on puisse comprendre en quoi ni dans quel but son geste aurait pu être piloté.