Guerre en Ukraine: qui sont ces «nazis» que Poutine dit combattre?

Nazis en Ukraine
Des nationalistes ukrainiens lors d’une marche en l’honneur du Corps National, parti lié au régiment Azov, en 2019. (@Belga Image)

« Dénazifier l’Ukraine », c’est une des raisons avancées par Vladimir Poutine pour justifier son invasion qui dure depuis quelques semaines déjà. Selon lui, ses voisins seraient un pays de fascistes qu’il faudrait combattre. Un prétexte bien évidemment mensonger, et même assez fou quand on sait que le président Zelensky est juif, mais malheureusement, il se base sur certains faits avérés.

En effet, il existe bien quelques groupes néonazis ou en tout cas d’extrême droite en Ukraine, et notamment dans la garde nationale du pays.

Parmi ceux-ci, le régiment Azov est le plus connu. Il s’est révélé en 2014 alors que l’armée ukrainienne avait demandé l’aide de volontaires pour faire face aux indépendantistes prorusses dans le Donbass.

« L’idée, c’était un peu de remplacer la police, d’aller dans des territoires et de faire des jobs de police, parce que la loyauté des policiers en Ukraine de l’Est n’était pas claire à ce moment », a expliqué Dominique Arel, titulaire de la Chaire d’études ukrainiennes de l’Université d’Ottawa au journal Le Soleil, en ajoutant qu’Azov « n’était évidemment pas le seul bataillon de volontaires, mais avec les médias sociaux, il a acquis une très grande notoriété ».

Des volontaires manifestement d’extrême droite puisqu’ils ne font pas que combattre les Russes, ils sont présents dans la rue. Ils agissent telle une police indépendante, traquant les prorusses et s’en prenant aux Roms et aux groupes marginalisés, tels que la communauté LGBTQ par exemple. De plus, ils arborent des symboles d’extrême droite et même leur logo semble inspiré de celui des SS. Un comble puisque l’Ukraine était une des cibles principales des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Là-bas, on les appelle aussi ce régiment « les hommes en noir ». Ils seraient aujourd’hui quelques milliers, entre 2.000 et 4.000 sur les plus de 200.000 soldats ukrainiens. Ils ne sont qu’une toute petite partie de l’armée donc, 1 ou 2%.

Noyau dur

Mais en 2022, tous ne seraient plus d’extrême droite. Comme l’a expliqué Adrien Nonjon, spécialiste de l’Ukraine et de l’extrême droite, à Radio-Canada, Azov apparait aux yeux de jeunes soldats comme une des structures les plus attirantes, notamment pour sa discipline et ses succès. « Une grande partie du régiment, aujourd'hui, est composée de personnes qui n'ont rien à voir avec le néonazisme, mais il y  a un noyau dur de néonazis. Il y a de tout : des néonazis, des monarchistes, des orthodoxes, des païens, des écofascistes... »

Mais ce noyau dur est utile à la Russie, qui se sert de leurs images pour appuyer sa propagande.

Dominique Arel tempère également. Des groupes d’extrême droite similaires, il y en a partout en Europe. Et bien qu’Azov ait aussi son parti politique depuis 2016, ils ne représentent qu’une ridicule partie des votes.  « Ils ont une présence dans la rue, une présence dans les milices, mais pas électoralement, contrairement à d’autres pays en Europe de l’Est ou même en Europe de l’Ouest ».

Vladimir Poutine utilise donc Azov et d’autres groupes très minoritaires d’extrême droite pour justifier sa guerre avec l’Ukraine, « détruire l’armée, renverser le gouvernement au complet et de scinder le pays » selon Arel. Il ne s’agit donc que d’un prétexte, mais doit-on tout de même s’en inquiéter ?

Selon les différents spécialistes interrogés par Radio-Canada, un des risques serait qu’Azor croisse au fur et à mesure de la guerre, recrutant de nouveaux combattants parmi des groupuscules radicaux ou néonazis étrangers, ce qui est déjà arrivé par le passé.

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