
Amnesty épingle la France et ses " dérives du maintien de l’ordre "

L’usage prolongé de gaz lacrymogènes et de grenades pour disperser de nuit des centaines de participants à un free-party illégale à Redon (Ille-et-Vilaine) en juin, dont un a eu la main arrachée, est " emblématique des dérives du maintien de l’ordre en France ", selon un rapport d’Amnesty International mardi. La force n’était " ni nécessaire ni proportionnée " et les conditions d’intervention contraires aux " principes de base des Nations unies ", dénonce ce rapport intitulé " Redon: Freeparty de la répression ", réalisé à partir d’entretiens, d’articles et de vidéos.
De violents affrontements avaient éclaté dans la nuit du 18 au 19 juin entre les forces de l’ordre et des participants à une free-party non déclarée, organisée en hommage à Steve Maia Caniço, mort noyé à Nantes en 2019 à la suite d’une opération de police controversée. Plusieurs dizaines de blessés ont été recensés parmi les participants, selon Amnesty, et 11 chez les gendarmes.
Selon le préfet d’Ille-et-Vilaine les gendarmes avaient " essuyé toute la nuit des jets de cocktails Molotov, boules de pétanque, etc ". " Aucune violence n’a été observée de la part de participants avant l’intervention violente des forces de l’ordre ", affirme de son côté Amnesty. L’ONG critique un usage de la force " en premier recours ", l’absence de médiation et des sommations " peu audibles ".
" A Redon, les forces de l’ordre ont lancé pendant plus de sept heures des grenades lacrymogènes et assourdissantes sur une foule, de nuit, y compris des grenades susceptibles de mutiler les personnes. L’utilisation de ces armes dans des conditions aussi dangereuses a conduit à des dizaines de blessures: plaies, fracture, brûlures, mais aussi des crises de panique et détresse respiratoire ", relève Amnesty. " Un usage de la force qui n’est pas nécessaire peut s’apparenter à une punition corporelle, ce qui est illégal au regard du droit international relatif aux droits humains ", ajoute encore l’organisation. Selon elle, " le cas de Redon se place dans un contexte de répétition des cas d’usage excessif de la force dans des opérations de maintien de l’ordre " dans le pays voisin de la Belgique.
Elle alerte le gouvernement français " sur l’urgence d’interdire les grenades explosives en maintien de l’ordre " et de " revoir les stratégies d’intervention pour qu’elles reposent sur des approches de dialogue et de désescalade ".
Mardi, le président français Emmanuel Macron doit justement annoncer à Roubaix un " contrôle indépendant " de " l’action des forces de l’ordre ", selon l’Elysée. A la suite des événements de Redon, la justice avait ouvert deux enquêtes pour " blessures involontaires " et pour " organisation illicite d’un rassemblement festif à caractère musical ".